Certains trouvent que c’est le plus beau circuit du monde. D’autres y voient une course ennuyeuse où la victoire ne se gagne que par la pole. Alors ? Cette soixante-quinzième édition du Grand Prix de Monaco était-elle fidèle à cette « légende » ?
Informations générales
Chiffres à connaître
Le circuit de Monaco, c’est 3,337 km sur ce territoire de 202 ha (2 km2).
Un sacré dénivelé et une seule zone de DRS.
C’est aussi une installation colossale de rails, grilles, tribunes et autres éléments éphémères en 3 semaines pour trois jours et demi de course (jeudi, vendredi matin et le week-end).
Certaines choses ne changent pas et ces panneaux en font partie.
Le Grand Prix de Monaco, c’est environ 1 000 freinages par monoplace. Les freins sont utilisés 16 secondes par tour, soit un peu plus de 20 % du temps en piste.
La raison ? 12 freinages pour chacun des 78 tours (260,286 km parcourus).
AP Racing, ça… ça freine.
Senna y a gagné 6 fois (pour 5 poles positions), suivi par Graham Hill et Schumi (5 chacun) puis Prost (4 pour autant de poles).
Le prince des statistiques à Monaco.
McLaren a gagné 15 fois en Principauté. Ferrari en est à 9 alors que Mercedes n’en est qu’à 4. Cependant, en tant que motoriste, Mercedes revendique 11 victoires. Ces chiffres sont vérifiés au moment de la publication de l’article… et jusqu’à l’édition 2018.
Anecdote sympa
Pourquoi le jeudi au Grand Prix de Monaco alors que les autres courses commencent le vendredi ? Je cite l’article du journal belge « Le Soir » :
Il faut remonter en 1950, date de la création du championnat de F1. Cette année-là, le Grand Prix de Monaco se déroulait le 21 mai soit le week-end de l’Ascension.
Avec un jeudi férié, le week-end était logiquement plus long que les autres en France, plus touristique aussi pour la Principauté. A l’approche du Grand prix de Monaco, des plaintes des commerçants se sont faites entendre mettant en avant le manque d’attractivité de leurs commerces provoqué d’une part par le blocage de la circulation (arrêt de la circulation, mise en place des barrières) ainsi que par les tribunes qui incitpaient les spectateurs à rester regarder le Grand Prix plutôt que d’aller faire les boutiques.
Les rues sont complètement transformées pour la F1 et ses spectateurs.
Monaco a trouvé la parade en décidant d’utiliser ce jeudi férié pour débuter le week-end de compétition puis de poursuivre le grand prix le samedi et le dimanche. Cette ruse permettant d’accueillir un afflux de visiteurs important une journée de plus tout en donnant l’opportunité aux commerçants d’améliorer leurs ventes le vendredi par rapport à un vendredi normal à Monaco !
Depuis cette période, la tradition fait commencer le Grand Prix de Monaco le jeudi même s’il ne tombe pas lors du week-end de l’Ascension.
Avant le Grand Prix de Monaco : l’installation
Pour les résidents Monégasques, l’installation des écuries est un passage obligé et la possibilité de voir les bolides et les pilotes de près.
Cette année, les choses ont changé et seul le mardi laissait un accès libre aux stands… Le mercredi : parc fermé dès midi ! Vendredi après-midi, les possesseurs de tickets en tribune pouvaient s’y rendre mais ce n’était malheureusement pas mon cas.
Quoiqu’il arrive, voici ce que je peux vous offrir :
Kiss my Haas!
Jesse Pinkman ou Pink Panther ?
Espionnage industriel
Beauté fatale.
Île flottante sur crème autrichienne.
Il s’astique le museau.
Red Bull avec en prime : un chauve !
Le Gilette Mach 3, c’est dépassé !
Un petit fist n’a jamais fait de mal.
Orange is the new black. Facile mais c’était ça ou une vanne sur Honda.
C’est moins glam avec le bide et la Citroën.
Alors, on n’attend pas Patrick ?!
Vivre ça en chair et en os… c’est quand même autre chose qu’une retransmission télé. Les odeurs, les bruits, l’ambiance générale : quel pied !
Les libres au cœur de l’action
Si vous ne le saviez pas encore, je suis résident Monégasque et fier de ce pays que je considère comme le mien… même si je n’en ai pas la nationalité. Mais bon, on ne choisit pas sa nationalité et si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi.
Je dérape quelque peu, mon admiration pour la F1 reprend le pas sur celle que j’ai pour M. Baer.
Situation stratégique et point de vue d’un spectateur
Ainsi, chaque année, je me débrouille pour avoir des places le jeudi (je remercie d’ailleurs mon cousin Floréal pour les trois dernières éditions). Voici ma situation, Zone Z1 devant le restaurant « Le Boticelli » (1 Av J.F. Kennedy), qui me permet de couvrir le virage du Bureau de Tabac et ses alentours :
Ce n’est pas encore la cohue dans les gradins…
J’ai pu faire d’autres spots comme la grande tribune K (cf. ma couverture du Grand Prix Electrique) ou le toit de l’immeuble Héraclès (au-dessus de la loge Princière qui sert également de podium).
Mes deux spots préférés sont ceux du Boticelli et de l’Héraclès.
Le premier permet vraiment de « toucher » les voitures alors que l’autre vous offre le luxe d’avoir une vue d’ensemble du circuit, hormis la partie Spélugues (Casino, Fairmont a.k.a. Loews, entrée du Tunnel).
Si tu aimes l’amour en mer (question de tempo), tu peux aussi voir le GP depuis un bateau.
Malgré la proximité physique, il y a un désavantage quand on vit un Grand Prix ou des essais en live : le suivi.
En effet, sur la tribune principale, on a la possibilité de voir l’écran géant et on peut discerner quelques bribes de commentaires depuis les hauts-parleurs… mais là, aucun écran et les hauts-parleurs ne sont pas assez forts.
Pour moi, l’idéal est donc d’assister aux libres en spectateur et de se caler devant son téléviseur pour les qualifs et la course. Mais je parle de la sorte car j’ai déjà vécu bon nombre de Grands Prix et ça, c’est réellement à vivre au moins une fois.
Et ces photos ?
J’ai donc assisté aux deux séances d’essais libres du jeudi.
Il est à noter que je n’ai pas de « pass photographe » et que je dois me contenter de mitrailler derrière des grillages, apparents sur les photos, et au milieu d’autres spectateurs plus ou moins civilisés.
Voici une sélection de ce que j’ai pu récolter :
Le digne successeur de Maldonado.
Le nouveau Baron Rouge
25 ans, ça commence à faire !
Show must go on!
Caliente! Sainz est chaud.
Le gentleman driver par excellence.
Le plus Suisse des Français et vice-versa.
Stroll, en simulation PlayStation.
Notre pinky Frenchie.
Le plus beau sourire de la F1.
Sony Ericsson, le retour ?
Les cœurs de l’armée rouge.
Je n’avais pas de notion des timings (raison indiquée précédemment) mais je peux vous assurer que les voitures paraissaient bien plus véloces et bruyantes que l’an dernier. Puis ces pneus larges à l’arrière… quelle beauté !!! La nouvelle réglementation a réellement rendu service à ce sport.
Les libres en eux-mêmes
J’ai pu voir les résumés des deux premières séances et le direct de la troisième.
De toute évidence, il en ressort que Ferrari est solide. Les Mercedes ont fait le boulot, sans plus. Les Red Bull et même les Toro Rosso ont inscrits de bien beaux chronos.
De plus, mon impression de vitesse en bord de piste n’était pas du tout erronée ; les voitures tapent des chronos impressionnants en explosant les précédents records. Chapeau ! Que je l’aime cette réglementation [si vous avez lu ces quelques mots avec la voix de Julien Lepers, c’est normal].
La meilleure séance de qualification de la saison
Q1 : Ferrari au sommet de son art et Mercedes dans l’incertitude
La Q1, c’est la folie douce. On se dit que finalement, les libres n’ont pas menti. Verstappen sort un très bon chrono, devant un Vettel en grande forme. Les coéquipiers de ces deux hommes ne sont pas en reste.
Pour le reste, tout est chamboulé. Ocon, qui nous a habitué à une progression constante depuis son arrivée chez Force India, est éliminé dès la Q1. Un léger passage à vide après une réparation bâclée de la monoplace par manque de temps suite à son crash pendant les essais libres.
Mais le pire dans tout ça… c’est Hamilton qui n’arrive à rien… se réserve-t-il ? On est en droit de le penser, mais…
Q2 : Le cauchemar d’Hamilton
Pas du tout. Lewis ne s’était pas réservé. Sa voiture part en glisse partout, on se croirait au Trophée Andros-sur-Mer. Il bataille comme un beau diable et quand on pense qu’il va s’en sortir… il se fait « saboter » son tour par Vandoorne. Le Belge qui devait amener sa voiture en Q3 (une McLaren à moteur Honda, rappelons-le) fait l’erreur de débutant de base. Au virage de la Piscine, il veut frôler le rail mais le tape, casse sa suspension et fonce droit dans les Tecpro… Tout ça dans les dernières secondes de la Q2. Hamilton arrive juste derrière et son tour « véloce » (pas du tout dans les temps du peloton de tête) est stoppé net. il rentre broucouille aux stands.
En parlant de McLaren, il est à noter que celle de Button va également en Q3. McLaren a fait du bon boulot… mais en même temps, ce n’est pas un circuit de moteur.
Le Hulk, plutôt habitué aux Q3 ces derniers temps, se fait gentiment remercier par le chrono monégasque. Vive déception.
En tête, c’est du Ferrarisme, de la Versta(p)penade et une Bottasserie en bonne et due forme. La Q3 promet une belle bataille.
Q3 : Bwoah…
Le Prince de Monaco a un nom : Räikkönen. Il effectue un tour anthologique et s’empare du record du circuit. Vettel essaie de l’égaler mais échoue de peu.
NEXT SATURDAY: Will we see another Monaco masterclass in qualifying from Kimi Raikkonen?
Mercedes parvient à arracher la troisième position avec un Bottas qui assure. Valtteri n’est pas un pilote à coups d’éclats comme son co-équipier ou Max mais il est un combattant constant et avec la tête sur les épaules. Ca confirme ma pensée sur le fait qu’il est un meilleur choix que Wehrlein, trop capricieux et jeune pour une top team avec un pilote star à sa tête.
Conclusion des qualifs
Déjà… on se dit que la course de Lewis est vraiment mal barrée. Il n’arrive pas à tirer partie de sa voiture là où son coéquipier assure un top 3. Par extension, on se dit que ça va être dur pour les Mercedes.
Les Red Bull sont en embuscade et avec un Max combatif et kamikaze, on peut s’attendre à une course mouvementée. Sauf s’il est plus mature et que son sinistre bilan de n’avoir jamais fini un Grand Prix dans son lieu de résidence ne le hante.
En tout cas, les Ferrari sont parties pour une victoire et ça, ce ne sont pas les nombreux résidents monégasques à passeport transalpin qui vont râler.
Le Grand Prix de Monaco fait parler de lui
Petit résumé de la course
Course plate relancée par les stands et la safety car. Rien de bien extraordinaire, une course qui a donné de l’intérêt qu’après des rebondissements « artificiels ».
Cinq points majeurs :
Kimi a perdu sa victoire par un arrêt au stand bien controversé.
Red Bull avait préparé les pneus de Ricciardo.
Button a joué aux auto-tamponneuses.
SAFETY CAR: Incident at Portier involving WEH and BUT
Button. Jenson a fait un retour remarqué dans les deux sens du terme. Cependant, il a cumulé les emmerdes, il n’y a pas d’autre mot.
Avant la qualif… il écope de 15 places de pénalité (changement de MGU-H et de turbo) , ce qui est assez peu motivant. Il arrache cependant un neuvième temps.
Alors qu’il devait partir du fond de la grille… il doit démarrer des stands à cause d’un changement de plancher… L’histoire vire au cauchemar.
Pendant la course, il évite de peu un Wehrlein lâché trop hâtivement de son stand par Sauber et se retrouve bloqué. Freiné par la voiture suisse et sans possibilité de dépassement, il gâchera sa course malgré les 5 secondes de pénalité attribuée au Germanico-Mauricien.
Pour bien faire, il essaie de forcer le sort et double au Portier. Voici le résultat :
Ironie du sort : 3 places de pénalité au prochain Grand Prix et 2 points en moins sur la licence…
Mention spéciale à Hulk qui a eu un problème de boîte de vitesse.
Le pilote du jour
Alonso. Vraiment dur d’en choisir un pendant cette course monégasque car il n’y a eu aucun coup d’éclat. Fernando n’a pas participé au Grand Prix de Monaco mais sa prestation à l’Indy 500 était tellement intense qu’elle éclipse la course de dimanche.
Malgré sa casse moteur (tiens !? #Honda), le bilan de l’Espagnol est élogieux : 27 tours en tête sur les 179 courus ! 179/200… il était bien placé pour la victoire mais la mécanique a encore eu raison de son talent.
Le message radio du jour
Sans aucun doute, le meilleur message radio est l’échange Button/Alonso. Fernando a contacté son remplaçant depuis Indianapolis pour l’encourager et le reste est exquis :
Hamilton, clairement Hamilton. Il n’a pas atteint la Q3 et a offert une course sans panache.
Là, je vais être plus long dans ce point car certaines choses me dérangent.
Certes, la Mercedes a du mal à faire fonctionner les pneus sur sa voiture mais, que je sache, les deux pilotes ont des voitures identiques. Valtteri fait le boulot et sans faire autant de bruit. Le week-end russe a été un cauchemar pour l’Anglais et il a remis le couvert à Monaco. Pendant ce temps, son coéquipier Finlandais gagne ou assure des points.
Du coup, j’en viens à me poser une double question : Rosberg n’étant plus là, le Britannique aurait-il un soucis à trouver des réglages et Mercedes manquerait-elle du feedback du champion du monde en titre ? Je vous laisse me répondre sur Twitter.
On avait jeté la pierre à Rosberg l’an dernier en disant qu’il ne savait pas conduire et que Lewis était un as du volant… sauf que Nico avait subi le même problème : il ne parvenait pas à faire fonctionner sa voiture. Je n’ai ni lu ni entendu de commentaire sur Hamilton allant dans ce sens. Par contre, les articles sur Mercedes ne parvenant pas à faire fonctionner les Pirelli pullulent. Forcément, le génie Hamilton est parfait, ça ne peut en aucun cas venir de lui. On en revient donc à ma double question…
L’écurie à féliciter
Ferrari est de très loin la meilleure écurie ses temps-ci. Les qualifs sont excellentes et les résultats en course sont là. Que vouloir de plus ?
Les Italiens ont pris la place d’équipe à battre. Mercedes est dans une situation bien délicate et doit trouver une solution très rapidement.
Bien entendu, je mets de côté l’histoire des arrêts aux stands.
Le pilote du week-end de course
Kimi. Il était dans une forme remarquable et malgré le couac des stands, il a été éblouissant.
Le pilote des qualifs
Kimi. Clairement Kimi. Voyez par vous-même :
Vos avis
Nous inaugurons une nouvelle rubrique de ces résumés avec vos avis. Nous les recevons avec plaisir sur les différents réseaux sociaux et par mail.
@AuRupteur@GuillonThibaut@TheF1Joker Bof… pas grand chose finalement. Pas de dépassements, peu d’action hormi SC et dépassement dans les stands… youhou quel GP…
Je ne pouvais pas terminer cet article sans parler de la controverse qui a déchaîne tant de passions pendant et après ce Grand Prix de Monaco.
Analyses opposées
Par rapport à la défaite de Kimi sur arrêts aux stands, deux points de vue s’opposent dans le cosmos F1 (paddock et nous les simples mortels) :
Chef d’écurie à la Toto Wolf :
Vettel a bénéficié d’une double chance. Kimi, en se pointant en premier au stand, s’assurait une couverture en cas de safety car. Ferrari ne savait pas comme fonctionneraient les supersofts et Kimi en a payé les frais. Vettel est resté dehors avec des ultrasofts ultra performants et à enquiller des tours de cochon. Vettel n’a aucunement volé sa victoire car il a effectué des tours vraiment parfaits et il aurait pu ne pas bénéficier de cet heureux hasard ultrasoft-performants/supersofts-lents.
Pilote à la Hamilton :
Ferrari a clairement choisi son pilote numéro 1.
Kimi a été relâché dans le traffic. Or cette situation à Monaco est synonyme d’une perte de temps assurée et sûrement d’une place en moins par le jeu des stands. Ça, Ferrari pouvait le prévoir.
La culture Ferrari est de privilégier la marque avant le pilote. Il ne s’agissait ni plus ni moins d’une consigne d’équipe habilement dissimulée. L’intérêt est de jouer le double titre cette saison et donc de ramener le prestige à Maranello avant tout. C’est légitime mais dommage pour le sport, surtout après les combats offerts par Mercedes depuis 2014.
Malédiction et superstition
Finalement, nous pouvons conclure de façon fantaisiste en mentionnant la malédiction monégasque des stands et la fameuse formule du « jamais deux sans trois » :
2015 : Lewis perd le Grand Prix de Monaco suite à une erreur de calcul lors de son arrêt aux stands dans les derniers tours.
2016 : Ricciardo ne monte pas sur la plus haute marche du podium car à son arrêt aux stands, ses mécaniciens n’ont pas les pneus.
2017 : Kimi voit sa victoire s’envoler pour les raisons déjà citées.
Or, si nous collons à ce dernier adage sous sa version sochalienne, nous avons quelques années de malheur devant nous… car jamais 208. Je sais où se trouve la porte, merci.
Verdict sur ce Grand Prix de Monaco cuvée 2017
Sur le week-end, les rookies ont fait le spectacle avec un crash au Casino pour Stroll et deux à la Piscine pour Ocon et Vandoorne. De ce côté, nous avons eu notre lot d’action Maldonadienne.
Ensuite, les qualifications ont été palpitantes mais la course en elle-même a été moyennement convaincante. Merci à Ferrari pour l’animation et à Button pour sa manœuvre à la vénézuélienne.
Note finale : 14/20. Pas un mauvais Grand Prix mais rien d’exceptionnel.
Nous vous remercions pour votre lecture et vous rappelons que vous pouvez trouver tous les résultats des sessions et de la course sur le site officiel.
Crédits
Données frein : Brembo.
Statistiques : Stats F1.
Diagramme de dénivelé, tracé et vidéo : F1. Ces images sont d’ailleurs utilisées à but non lucratif et dans un but purement informatif, selon les règles du fair use.