Grand Prix d’Azerbaïdjan 2018 : fricassé d’abats de taureaux

Dire que le Grand Prix d’Azerbaïdjan cuvée 2018 était avare en rebondissements serait un gage extrême de mauvaise foi. D’essais libres aléatoires à des qualifs disputées amenant à une course sous le coup de vents violents et d’une piste glissante, tout était réuni pour du grand spectacle. Ajoutons les rails proches, des passages étroits, des angles droits, les commissaires de piste souvent dépassés et vous obtenez un cocktail détonnant.

Les essais

Des essais libres où les échappatoires ont été sacrément visités. Climatiquement, le mois d’avril ne réussit pas à Baku.

Malgré une incertitude sur l’ordre de départ, les tendances Ferrari, Mercedes, Red Bull, Force India et Renault des libres se sont confirmés pendant les qualifications. Vettel enfonce le clou avec une troisième pole en quatre courses cette saison. Raïkkönen a failli nous sortir un tour de dieu mais une légère erreur a mis fin à sa cavalcade de l’enfer, seule excitation de la séance. Dommage. Aucun record n’aura été battu.

Résultats

F1 Azerbaijan 2018 - Résultats des qualifs

NB : les pénalités ne sont pas appliquées, il ne s’agit donc pas du classement sur la grille.

Grand Prix d’Azerbaïdjan : la course

Il est difficile de décrire sommairement ce Grand Prix tellement il s’en est passé. L’idéal est de regarder le résumé de la course car ça partait dans tous les sens :

En tout cas, cette course a été haletante de bout en bout. Des vents violents qui ont vraiment bouleversé les monoplaces, des contacts musclés voire destructeurs et 13 tours de Safety Car qui plombent bien les stratégies pneumatiques. Puis on ne boude pas une petite échauffourée entre coéquipiers, non ?

Résultats et statistiques

Pos. Pilote Pos. 2017 Tps de course Pos. de départ PU
1 Hamilton 5 1:43:44.291 2 +1 Mercedes
2 Raïkonnen 14 +2.460s 6 +4 Ferrari
3 Perez DNF +1 tour 8 +5 Mercedes
4 Vettel 4 +5.329s 1 -3 Ferrari
5 Sainz 8 +7.515 9 +4 Renault
6 Leclerc +9.158s 13 +7 Ferrari
7 Alonso 9 +10.931s 12 +5 Renault
8 Stroll 3 +12.546s 10 +2 Mercedes
9 Vandoorne 12 +14.152s 16 +7 Renault
10 Hartley +18.030s 19 +9 Honda
11 Ericsson 11 +18.512s 18 +7 Ferrari
12 Gasly +24.720s 17 +5 Honda
13 Magnussen 7 +40.663s 15 +2 Ferrari
14 Bottas 2 DNF 3 -11 Mercedes
NC Grosjean 13 +1 tour 20 +5 Ferrari
NC Verstappen DNF DNF 5 -11 Renault
NC Ricciardo 1 DNF 4 -13 Renault
NC Hulkenberg DNF DNF 7 +1 Renault
NC Ocon 6 DNF 8 -2 Mercedes
NC Sirotkin DNF 18 +3 Mercedes

70
dépassements
dont 22 avec DRS

177,012
km/h
vitesse moyenne de Hamilton

1:45.149
meilleur tour en course
V. Bottas

2.18
meilleur arrêt aux stands
Williams – L. Stroll

Bilan du week-end

Ferrari

Rien à redire sur l’équipe pour l’étape en Azerbaïdjan, du bon boulot et une caisse qui marche fort en qualif comme en course.

Travail admirable de Vettel tout au long du week-end et surtout en course. Il était clairement parti pour la gagner (largement devant 29 tours sur 51). Toutefois, le petit jeu Safety Car sponsorisé par Red Bull lui a flingué ses chances. Reparti avec des pneus froids, il n’a pas pu lutter et s’est perdu dans une attaque quasi-kamikaze… puis s’est fait piquer la dernière marche du podium par Perez. Sebastian ne démérite pas.

Raïkkönen. Alors là, ce sont les montagnes russes. Il percute Ocon dès le début. La course était compromise à souhait mais Kimi parvint à la finir et à se classer second. Encore un très bon résultat pour le Finlandais qui jubile (tout est relatif) sur Instagram :

P2.

Une publication partagée par Kimi Räikkönen (@kimimatiasraikkonen) le

Mercedes

Mercedes a retrouvé ses stratèges ! Vettel en tête de course se fait piéger par la malice des cerveaux de Brackley via Bottas qui s’empare de la tête au trentième tour. Vettel se demandera même comment Valtteri est arrivé devant lui. Ouf !
Allez, encore un effort pour récupérer l’insolente suprématie des années précédentes.

Bottas a mal fini à cause d’une crevaison. Il a à nouveau effectué une course constante. Ce pilote fait le boulot et il le fait bien. Un super soldat pour Mercedes, ils doivent le prolonger. Sans ce petit malheur, il prenait la tête du championnat… mais avec des « si »…

Lewis !!! Enfin une victoire de Hamilton ! Il n’a pas savouré celle-ci comme une réelle victoire car il ne l’a pas obtenu à la force du volant mais par un superbe concours de circonstance. Je suis plutôt d’accord avec lui, ça n’a pas la même saveur. Quoiqu’il arrive, ce sont des gros points pour lui et ça lui permet enfin de pointer en tête du championnat.

Red Bull

Que dire ? Marko disait qu’il ne donnait pas d’instructions et qu’il laissait les garçons se battre en piste. C’est tout à son honneur. Il a cependant ponctué, de façon raisonnable, que ses employés devaient prendre leurs responsabilités sur la piste et ça pour le bien de l’équipe. Par contre, ce qui me dérange, c’est qu’il ne blâme aucun des deux garçons. Politique partagée par Verstappen qui dit qu’on se fiche de savoir qui est à incriminer car c’est l’équipe qui a perdu gros. Ricciardo, quant à lui, est obligé de la jouer communiquant corporate en collant à ce discours même si ça le démange de dire qu’il a été plus rapide que Verstappen tout au long de la course.

Red Bull ne peut s’en prendre qu’à elle-même en ayant laissé Ricciardo attaquer un trop défensif Verstappen. D’autant plus que quand Ricciardo a eu le dessus, il y a eu un jeu d’arrêts aux stands et Verstappen a pu ressortir devant. Il a encore fait bouchon sur l’Australien et ça s’est mal terminé. Taper sur les pilotes ? Quelque part, il ne faut pas car c’était de la course automobile entre deux gladiateurs de l’asphalte.
Ricciardo a tenté un dépassement dont il a le secret et Verstappen a défendu trop agressivement. Ricciardo s’est retrouvé sans aéro et donc sans appui pour freiner. Ca s’est malheureusement terminé en un joli constat à 30 millions de dollars. Dommage Helmut.

Ricciardo est le triste perdant dans cette opération. Il menait un bon week-end de course, dommage.

Verstappen, le fameux cas Verstappen qui fait couler beaucoup d’encre. Le sujet est développé plus loin dans l’article mais je suis partagé entre « laissez le génie s’exprimer » et « arrêtez le massacre, ça va mal finir ». Dans tous les cas, il plombe son équipe et se plombe lui-même pour le championnat, mauvaise opération.

Toro Rosso

Hartley dixième et Gasly qui finit la course. C’est toujours ça de pris. Nous parlons d’une voiture à moteur Honda, c’est donc du très bon travail. Je deviens de plus en plus sceptique quant au travail de McLaren avec Honda. McLaren devait en demander trop, un pari qui s’est avéré catastrophique. Toro Rosso semble prendre correctement le taureau par les cornes, pas étonnant vu le nom de l’équipe (voilà, c’est fait). Du coup, l’écurie Red Bull, qui voit ce test qu’elle a initié comme étant plutôt concluant, serait vraiment intéressée par le moteur japonais pour 2019. A voir.

Petite note sur un presque drame entre les deux pilotes de la filière autrichienne en Q1 :

Sauber

Enfin la Sauber que j’attendais. Entre le résultat surprenant d’Ericsson à Bahreïn et une sixième place de Leclerc ici, Sauber tient le bon bout. On peut toujours arguer que l’Azerbaïdjan a vu un podium de Stroll mais nous parlons quand même d’une écurie qui revient de loin.

Charles Leclerc, le prodige de Baku. Il a été élu pilote du jour et ce n’est pas volé. Un Grand Prix qu’il a extrêmement bien géré. Une action nous affiche sa maturité : Sainz le double vers la fin et Charles ne se la joue pas Verstappen. Il le laisse passer car il sait qu’en luttant, il risque gros. Il assure des points et se place en tant que pilote sur lequel il faut compter pour l’avenir. Je trouve cette démarche bien plus impressionnante et intelligente que faire de l’esbroufe et se battre dans le vent pour finalement tout perdre.

Marcus Ericsson a effectué une petite course, dans la moyenne, pas de coup d’éclat, pas de déception. Il est quand même onzième… sur treize voitures qui ont passé la ligne d’arrivée.

McLaren

On copie le constat du Grand Prix précédent et on le colle. Paraît que la McLaren 2017 à halo et moteur Renault a fait ses derniers tours de roue dans les rue de Bakou en Azerbaïdjan. Vivement l’Espagne pour enfin découvrir la vraie McLaren 2018. Espérons qu’elle ait un rythme plus soutenu en qualifs, ceci épaulerait bien les bons résultats en course.

Alonso, qui ne s’en est pas tiré indemne des premières mêlées, est rentré sur deux roues dans son stand.

Le miraculé a finalement terminé à sa place préférée de 2018 : septième. Chapeau !

Vandoorne fait son job. Il progresse bien et marque des points. J’aimerais vraiment qu’il ait une bagnole pour se battre devant et expliquer deux trois trucs à quelques pilotes zélés.

Haas

Des qualifications qui mériteraient d’être meilleures, tout comme les résultats en piste. Après, avec un seul pilote en piste, il est plutôt difficile de se débrouiller.

Grosjean. Le chat de Schrödinger de la F1. Il est pilote et pas pilote à la fois. Quand vous le voyez dévasté après son abandon en qualif, vous avez la larme à l’œil. Vous vous dites, en plus de son geste réconfortant auprès de son équipe en Australie, que ce gars mérite un baquet :

Puis la connerie en course qui vous fait dire qu’il mérite une toque et un tablier plutôt qu’un volant. D’autant que la mauvaise foi de dire qu’Ericsson l’a percuté… Non… Non…

Bon, allez, une bêtise ça arrive à tout le monde d’autant que jusqu’au crash, c’était une belle course.

Magnussen ne sera pas à l’honneur pour ses résultats mais pour une nouvelle frasque kamikaze. C’est Gasly qui a juste failli mourir :

Geste dangereux et inadapté. Il a déclaré qu’il regrettait les années 50-60 et qu’il donnerait tout dans sa voiture pour la course parce que c’est sa passion. Il y a quand même des limites.
Notons qu’il a reformulé sa déclaration comme quoi il pourrait laisser sa vie en course.

Renault

Sainz P5 ! Opportuniste, certes, mais il a effectué une superbe course, roue dans roue avec Hulk et les Red Bull. Il ne l’a pas volé, ce résultat !

Azerbaïdjan ne rime pas avec Hulkenberg. Un abandon après trois belles courses. Même Abiteboul déclare que si c’est sa seule « bêtise » de l’année, ça ira très largement.

Force India

La voiture 2018 se mettrait-elle enfin à fonctionner ? C’est ce qui se dit dans le paddock. Attendons l’Espagne pour crier victoire mais les bonbons roses semblent avoir retrouvé leur forme de 2017.

Perez qui se hisse sur le podium en se jouant de Vettel dans les derniers tours, chapeau ! Première performance de la saison pour le pilote et pour l’écurie, espérons que ça ne soit pas la dernière.

Punaise, j’ai bisqué ! Ocon/Raïkkönen ou comment plomber une chance de podium pour le Français.

F1 2018 Bakou - Accrochage Ocon/Raïkkönen

On part sur les mêmes délires avec du bon gros conditionnel mais quand on voit Perez qui finit P3 alors qu’Ocon marchait mieux, on est en droit d’être déçu.

Williams

Faut-il voir un miroir des performances de la Williams dans le tracé inhabituel de Bakou et le chaos qui a eu lieu en Azerbaïdjan ? La huitième place de Stroll est-elle la nouvelle image de la hiérarchie des Williams en piste ? J’ai des doutes. Le garçon annonce qu’il aurait pu faire un nouveau podium. Optimiste, doux rêveur ? Sans doute.

Sirotkin sorti dès le début, pas d’avis et il vaut mieux avec une qualif en fond de grille.

L’humour hollandais

Verstappen est-il un danger ? Taillons direct dans le lard ! Depuis le début de la saison 2018, le garçon brille plus par ses coups de roue que par ses coups d’éclat. Résumé de sa carrière :

2015 – Accession à la Formule 1 sur Toro Rosso, jeune pilote impétueux. Il a un beau coup de volant et il apprend.
2016 – Démarrage de saison chez Toro Rosso et passage chez Red Bull qui se couronne immédiatement par une victoire en Espagne. Il reste très agressif et il y a même une « règle Verstappen » qui émerge concernant ses défenses trop dangereuses.
2017 – Année de la sagesse avec deux belles victoires malgré une auto peu fiable et des collisions qui ne sont pas de son ressort. Seul bémol notable : la Hongrie.
2018 – Beaucoup d’erreurs et de tentatives trop appuyées… la saison est longue.

Je ne me suis jamais offusqué quant à son âge d’accession en F1. Comme l’a si bien écrit Corneille : « Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées – La valeur n’attend pas le nombre des années. ».
Je pense cependant qu’il manque d’expérience dans une monoplace et qu’il aurait mérité une plus grosse incubation dans les petites séries. Je ne remets pas en doute son intelligence de la course, qu’il hérite principalement du karting, d’autant que le jeune homme est armé d’un coup de volant merveilleux.

Par contre, je n’ai jamais apprécié ses défenses agressives, j’ai même pesté contre lui à ce sujet. Je ne parle même pas de ses interviews où il jonglait entre coups bien placés et impertinence tout en jouant avec le cerceau de ne jamais se remettre en question. J’en étais même venu à le détester. En 2017, il a redressé la barre et a commencé à me plaire réellement en course et dans le paddock.
Dans une interview, je me souviens qu’il avait dit que s’il était silencieux en 2017, c’était à cause d’une voiture peu performante et peu fiable qui ne lui permettait pas se battre pour le championnat… Était-ce là un aveu ? Fallait-il se méfier de l’eau qui dort ? Et c’est là que je me tourne vers 2018.

La Red Bull 2018 arrive, pour le moment, à bien fonctionner. Je ne veux pas affirmer que c’est la troisième force du plateau après seulement quatre courses mais ça en prend largement le chemin. Serait-il donc à nouveau dans ses travers de 2015-2016 à cause d’une bonne bagnole ?
Alors, il en va de même qu’avec la voiture, tirer des conclusions hâtives sur quatre étapes, c’est un peu cavalier. Néanmoins, les réactions hors course ne laissent pas de doute quant au personnage. Il ne se remet absolument pas en question, c’est la faute de l’autre (collision avec Hamilton, Bahreïn) ou c’est juste mauvais pour l’équipe et on s’en fiche de qui est fautif (crash avec Ricciardo, Azerbaïdjan). Est-ce une force de caractère voire du charisme pur ou n’est-ce que de la prétention ? Quelque part, c’est une réaction de champion car pas mal de grands pilotes sont passés par ce genre de déclarations et de déni.

Justement, faisons un état des lieux de ses abandons :

Grand Prix Position Tour Cause
Saison 2015
Autriche 11 32 Moteur
Chine 13 52 Moteur
Bahreïn 15 34 Electrique
Monaco 9 62 Collision
Grande-Bretagne 13 3 Accident
Saison 2016
Russie 9 33 Moteur
Monaco 21 24 Accident
Etats-Unis 4 28 Boîte de vitesse
Saison 2017
Bahreïn 6 11 Freins
Espagne 5 1 Collision (Bottas percute Kimi qui ricoche sur Max)
Canada 5 10 Electrique
Azerbaïjan 5 12 Moteur
Autriche 5 0 Collision (causée par Kvyat)
Belgique 5 7 Perte de puissance
Singapour 2 0 Collision (pris en sandwich par les Ferrari)
Saison 2018
Bahreïn 15 3 Différentiel (suite à une collision)
Azerbaïjan 5 39 Collision

Puis, prenons, à titre de comparaison, le regretté Ayrton Senna, vu comme le génie absolu de la F1 :

Grand Prix Position Tour Cause
Saison 1984
Brésil 16 8 Turbo
France 13 35 Turbo
Etats-Unis (Est) 7 21 Accident
Etats-Unis 6 47 Transmission
Allemagne 9 4 Accident
Autriche 10 35 Pression d’huile
Pays-Bas 13 19 Moteur
Europe 12 0 Carambolage
Saison 1985
Brésil 4 48 Electrique
Saint-Marin 1 57 Panne d’essence
Monaco 1 13 Moteur
Etats-Unis 1 51 Accident
France 2 26 Accident
Grande-Bretagne 4 60 Injection de carburant
Allemagne 5 27 Joint
Afrique du Sud 4 8 Moteur
Australie 1 62 Moteur
Saison 1986
Saint-Marin 1 11 Roulement de roue
France 1 3 Accident
Grande-Bretagne 3 27 Boîte de vitesse
Autriche 8 13 Moteur
Italie 5 0 Transmission
Australie 3 43 Moteur
Saison 1987
Brésil 3 50 Pression d’huile
Belgique 3 0 Collision
Mexique 7 54 Tête-à-queue
Saison 1988
Monaco 1 66 Accident
Italie 1 49 Collision
Saison 1989
Etats-Unis 1 44 Electronique
Canada 2 66 Moteur
France 2 0 Différentiel
Grande-Bretagne 1 11 Tête-à-queue
Italie 1 44 Moteur
Portugal 1 48 Collision
Australie 1 13 Collision
Saison 1990
Saint-Marin 1 3 Jante
Mexique 3 63 Crevaison
Espagne 1 53 Radiateur
Japon 1 0 Collision
Australie 1 61 Accident
Saison 1991
Canada 3 25 Alternateur
Grande-Bretagne 2 58 Panne d’essence
Allemagne 2 44 Panne d’essence
Saison 1992
Mexique 6 11 Transmission
Brésil 3 17 Electrique
Espagne 3 62 Tête-à-queue
Canada 1 37 Electronique
France 3 0 Collision
Grande-Bretagne 3 52 Boîte de vitesse
Japon 3 2 Moteur
Australie 2 18 Collision
Saison 1993
Saint-Marin 4 42 Système hydraulique
Canada 8 62 Alternateur
Grande-Bretagne 4 58 Panne d’essence
Hongrie 4 17 Accélérateur
Italie 4 8 Collision
Portugal 4 19 Moteur
Saison 1994
Brésil 1 55 Tête-à-queue
Pacifique 1 0 Collision
Saint-Marin 1 5 Accident fatal

Finalement, analysons un autre as du volant considéré comme offensif voire voyou, Michael Schumacher :

Grand Prix Position Tour Cause
Saison 1991
Belgique 7 0 Embrayage
Japon 9 34 Moteur
Australie 6 5 Collision
Saison 1992
Saint-Marin 5 20 Accident
France 5 17 Collision
Hongrie 4 63 Accident
Japon 5 13 Boîte de vitesses
Saison 1993
Afrique du Sud 3 39 Tête-à-queue
Europe 3 22 Accident
Monaco 2 32 Système hydraulique
Hongrie 3 26 Pompe à essence
Italie 5 21 Moteur
Japon 4 10 Collision
Australie 4 19 Moteur
Saison 1994
Allemagne 4 20 Moteur
Australie 2 35 Collision
Saison 1995
Saint-Marin 1 10 Accident
Grande-Bretagne 2 45 Collision
Hongrie 3 73 Pompe à essence
Italie 2 23 Collision
Australie 3 25 Accident
Saison 1996
Australie 4 32 Freins
Argentine 2 46 Aileron
Monaco 1 0 Accident
Canada 3 41 Transmission
Grande-Bretagne 3 3 Boîte de vitesses
Hongrie 1 70 Accélérateur
Saison 1997
Argentine 4 0 Collision
Grande-Bretagne 4 38 Roue
Luxembourg 5 2 Collision
Europe 2 47 Collision
Saison 1998
Australie 3 5 Moteur
Belgique 4 25 Collision
Japon 1 31 Crevaison
Saison 1999
Canada 1 29 Accident
Grande-Bretagne 2 0 Accident
Saison 2000
Monaco 1 55 Suspension
France 1 58 Moteur
Autriche 4 0 Collision
Allemagne 2 0 Collision
Saison 2001
Saint-Marin 4 24 Roue
Allemagne 4 23 Pression d’essence
Saison 2003
Brésil 7 26 Accident
Saison 2004
Monaco 4 45 Collision
Saison 2005
Australie 19 42 Collision
Bahrain 2 12 Système hydraulique
Spain 8 46 Crevaison
Turquie 19 32 Abandon
Belgique 6 13 Collision
Chine 6 22 Tête-à-queue
Saison 2006
Australie 10 32 Accident
Hongrie 11 67 Direction
Japon 2 36 Moteur
Saison 2010
Malaisie 8 9 Ecrou de roue
Abu Dhabi 8 0 Collision
Saison 2011
Australie 11 19 Suspension
Monaco 5 32 Moteur
Hongrie 9 26 Boîte de vitesses
Singapore 8 28 Collision
South Korea 12 15 Collision
Saison 2012
Australie 4 10 Boîte de vitesses
Chine 2 12 Roue
Spain 8 12 Collision
Monaco 6 63 Pression d’essence
Canada 9 43 Aileron
Hongrie 17 58 Surchauffe
Singapore 9 38 Collision
Inde 14 55 Boîte de vitesses

Synthétisons ceci et ajoutons Alain Prost, Lewis Hamilton, un certain Pastor Maldonado, la torpille russe et son coéquipier Daniel Ricciardo :

Pilote Nombre de Grand Prix disputés Nombre d’accidents Nombres d’accrochages Pourcentage de dégats/Grand Prix (hors carambolages)
Max Verstappen 64 1 5 9,375 %
Daniel Ricciardo 133 1 3 3,008 %
Lewis Hamilton 212 2 7 4,245 %
Michael Schumacher 307 8 20 9,121 %
Ayrton Senna 161 8 9 10,559 %
Alain Prost 199 7 8 7,538 %
Pastor Maldonado 95 2 7 9,474 %
Daniil Kvyat 72 2 2 5,556 %

Attention, ne sont comptabilisés que les accrochages et accidents qui ont causé un abandon du pilote !

Que voir dans ces trois tableaux et ces chiffres ? Verstappen est statistiquement de la trempe des Senna et Schumacher, pilotes clairement vus comme étant bagarreurs. Il a des gènes communs avec deux des plus grands champions de la F1, et alors ?

C’est là que l’on doit analyser Verstappen d’une autre façon.
Quand un pilote comme Sainz défend violemment, on met ça sur le compte du sang chaud et que les pilotes latins sont offensifs.
Quand un Kvyat attaque à tout va et provoque des carambolages et des accidents dans tous les sens, on dit que c’est un abruti qui n’a pas sa place en F1.
Quand un pilote combine les deux, citons Maldonado et Magnussen, nous disons que c’est un fou furieux.
Sauf que le point commun de ces deux caractères et de sa variante combinée est que ces pilotes n’avouent pas leurs erreurs ! « I lost the car » disait l’un d’entre eux, « Suck my balls » lâchait un autre.
Récapitulons un peu ce cher Max : mordant sur la piste (attaque et défense) et mordant au micro. Mais alors, qu’est-ce qui le différencie de ces pilotes ? Le talent. Ils en ont forcément tous, sinon ils n’auraient jamais piloté une F1, mais il faut avouer que Max est au-dessus du lot. Rabelais disait que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » alors, pour Max, je dirai : « Talent sans conscience n’est que ruine de l’homme ».

Pour en revenir aux tableaux précédents, je reprends alors une déclaration de Prost sur Senna :

Il avait ses propres règles, il croyait en elles et c’était ainsi. Il était très croyant et répétait sans cesse qu’il fallait dire la vérité, il parlait des enseignements qu’il avait reçus, de son éducation, ce genre de choses. A l’époque, je pensais que certaines choses qu’il faisait sur le circuit ne collaient pas avec ses propos mais maintenant je crois que, par moments, il était dans l’erreur. Il avait ses règles, il les suivait et rien d’autre ne l’intéressait. Quand j’y repense je crois qu’il pensait vraiment être sur la bonne voie, à dire la vérité tout le temps. Et sur le circuit, c’était pareil.

Je ne veux pas tomber dans le « Verstappen est le nouveau Senna » car Senna est Senna, Verstappen est Verstappen, un point c’est tout. J’amène juste la réflexion vers une remarque faite plus tôt : Max a un caractère de champion. Il faudrait qu’il le dompte dans le bon sens à deux titres : sa sécurité (et celle des autres pilotes) et son avenir en F1. Personne ne souhaite son décès en piste et personne ne désire qu’il se transforme en un gentil petit agneau. Il doit trouver un juste milieu. Ca existe car je trouve ce caractère équilibré chez Ricciardo ; Daniel est charismatique à souhait tout en étant capable d’effectuer prudemment des dépassements de folie et des courses magistrales.
Ou alors, Verstappen doit continuer ainsi, gagner un championnat, faire monter son ego très haut et se prendre une baffe monumentale pour qu’il se calme. Et encore, si on prend Senna (encore lui), Monaco 88 ne l’a pas forcément redressé.

Je suis contre les pilotes payants et aseptisés. Verstappen n’est ni l’un, ni l’autre. Je suis pour les beaux dépassements et les duels musclés (exemple inter-écurie : Hamilton/Rosberg à Bahreïn en 2014) mais je suis contre les manœuvres de karting. On dirait que Max a tendance à oublier qu’une F1 n’est pas un kart à ailerons.

Il y a fort à parier qu’il ne changera pas ou peu son caractère et il me laisse conclure de la façon suivante : Max Verstappen est un pilote que l’on aime détester.

Mad Max: Fury Road

Le Grand Prix d’Azerbaïdjan 2018 est, pour moi, une de ces courses à ériger au panthéon des plus grandes. Ce tracé et ses conditions nous confirme qu’il permet aux opportunistes des marquer des points… voire de réaliser des podiums. Grâce à lui, la saison 2018 continue sur sa lancée pour devenir un très grand cru.
Saison exceptionnelle ou tout simplement normale ? Nous sommes en droit de nous poser la question après les années de domination purement Mercedes (2014 à 2016 voire 2017). Avions-nous oublié les saveurs d’un championnat à deux voire trois écuries ? Pourvu que ça dure !

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Vous pouvez retrouver le guide Au Rupteur des différences entre 2017 & 2018 en F1. Vous pouvez également obtenir le condensé des infos de la saison (écuries, pilotes, pneus et calendrier) au format PDF.