Grand Prix d’Espagne 2018 : Oh mon complot !
Complot, conspiration… De bien grands mots désignant la ou les actions d’un groupe plus ou moins occulte. La théorie du complot cherche à légitimer, avec des exemples probants, que des forces agissent dans l’ombre. L’Espagne a connu deux complots : celui visant Ferrari et ses rétroviseurs sur le halo et les pneus Pirelli « demandés » par Mercedes. Voyons ça un peu plus en détail.
Les essais
Des libres et des qualifs qui n’ont pas été extraordinaires. Nous avons manqué de tension sur le chrono en Q3. Nous pouvons quand même relever trois faits marquants.
Les écuries sont arrivées avec des améliorations plus ou moins notables sur les monoplaces. McLaren reste le plus beau représentant de ce vent d’innovations avec sa « vraie voiture 2018 » et surtout son nez, mélange de Sauber, Mercedes et Red Bull… peut-être même de Brabham, Minardi, Andrea Moda, Jordan, Toyota, Williams… non, pas Williams, plus personne n’imite Williams.
Hartley s’est payé le luxe d’un superbe crash en EL3, ce qui l’a privé de qualifs.
D'après @amsonline, le crash de @BrendonHartley pendant les EL3 du #SpanishGP a eu lieu à 110 km/h et une mesure à 25 g a été faite. 😱 [Quelques références d'accélérations mesurées en g https://t.co/sbQymEODo0] pic.twitter.com/wdpOfLeykT
— Au Rupteur (@AuRupteur) 16 mai 2018
Dernier fait marquant d’avant-course : le tour en Q3 qui a offert la pole à Lewis Hamilton.
Onboard with @LewisHamilton for the stunning lap that gave him his first F1 pole since Australia in March
— Formula 1 (@F1) 12 mai 2018
And the 74th of his career#F1 #SpanishGP 🇪🇸 pic.twitter.com/Nw4W8IWmtp
Résultats

NB : les pénalités ne sont pas appliquées, il ne s’agit donc pas du classement sur la grille.
Grand Prix d’Espagne : la course
Somme toute, une course plus que moyenne et si nous enlevons l’énorme crash de Grosjean, il n’y a rien d’excitant qui en est ressorti. Prenons le compteur à dépassements comme témoin, c’est peu glorieux.
Fait que je trouve assez dramatique : tous les pilotes depuis la sixième place se sont faits prendre au moins un tour. Ca s’appelle une claque. Deux mondes : Mercedes, Ferrari et Red Bull puis le reste. On le sait, quelque part, mais là, c’est flagrant.
A dramatic first-lap crash 💥
— Formula 1 (@F1) 13 mai 2018
A masterclass from @LewisHamilton 👏
All the best bits from race day in Spain in 60 seconds 👀#SpanishGP #F1 🇪🇸 pic.twitter.com/TqJmbR5B1W
Résultats et statistiques
Pos. | Pilote | Pos. 2017 | Tps de course | Pos. de départ | PU |
---|---|---|---|---|---|
1 | Hamilton | 1 | 1:35:29.972 | 1 | Mercedes |
2 | Bottas | DNF | +20.593s | 2 | Mercedes |
3 | Verstappen | DNF | +26.873s | 5 +2 | Renault |
4 | Vettel | 2 | +27.584s | 3 -1 | Ferrari |
5 | Ricciardo | 3 | +50.058s | 6 +1 | Renault |
6 | Magnussen | 14 | +1 tour | 7 +1 | Ferrari |
7 | Sainz | 7 | +1 tour | 9 +2 | Renault |
8 | Alonso | 12 | +1 tour | 8 | Renault |
9 | Perez | 4 | +2 tours | 15 +6 | Mercedes |
10 | Leclerc | – | +2 tours | 14 +4 | Ferrari |
11 | Stroll | 16 | +2 tours | 18 +7 | Mercedes |
12 | Hartley | – | +2 tours | 20 +8 | Honda |
13 | Ericsson | 11 | +2 tours | 17 +4 | Ferrari |
14 | Sirotkin | – | +3 tours | 19 +5 | Mercedes |
NC | Vandoorne | DNF | DNF | 11 -4 | Renault |
NC | Ocon | 5 | DNF | 13 -3 | Mercedes |
NC | Raïkonnen | DNF | DNF | 4 -13 | Ferrari |
NC | Grosjean | 10 | DNF | 10 -8 | Ferrari |
NC | Gasly | – | DNF | 12 -7 | Honda |
NC | Hulkenberg | 6 | DNF | 16 -4 | Renault |
18
dépassements
dont 10 avec DRS
192,946
km/h
vitesse moyenne de Hamilton
1:18.441
meilleur tour en course
D. Ricciardo
2.26
meilleur arrêt aux stands
Red Bull – D. Ricciardo
Bilan du week-end
Ferrari
La voiture n’a pas fonctionné, Kimi a abandonné et Vettel n’a extrait qu’une quatrième place avec son engin. Pas un bon Grand Prix pour la Scuderia qui, d’après Vettel, n’était pas au niveau. Passons.
Mercedes
La Mercedes fonctionne enfin ! Les stratèges étaient de retour et là, la voiture parvient à faire des miracles avec ses pneus… ce qui a entraîné une grosse question sur la corrélation pneus plus fins et demande faite par Mercedes à Pirelli après les essais hivernaux. Voyons ça en détail un peu plus bas.
Red Bull
Après le désastre de Bakou, qui était tout sauf à bas coûts pour l’écurie avec deux voitures au tapis, la barre se redresse. Verstappen extrait une troisième place sur le podium et Ricciardo encaisse les points de la cinquième position. Pourvu que Max continue dans cette voie !
Toro Rosso
Gasly out à cause de Grosjean et Hartley qui finit douzième après sa catastrophe en essais libres. Que dire ? La voiture semble aussi bonne que sur les précédents rendez-vous de cette saison 2018 donc rien d’alarmant.
Ce qui me surprend le plus, ce sont les bruits de couloir qui mettaient Hartley sur la touche en faveur d’un certain Pascal Wehrlein… Pas convaincu.
Sauber
Ericsson fidèle à lui-même et Charles Leclerc qui reste sur une très bonne note avec encore un résultat dans les points. Il a même pu nous offrir une bataille avec Alonso, qu’il a longtemps maintenu derrière lui. C’est moche pour l’Espagnol à domicile mais bon pour le Monégasque. La politique Vasseur porterait-elle ses fruits ?
McLaren
La voiture 2018 est enfin là ! Enfin !… Enfin, elle est meilleure en qualifs mais en course, ça n’a pas été merveilleux. Laissons le bénéfice du doute à cette voiture car ce Grand Prix n’a pas été le théâtre de nombreux dépassements. Par contre, Alonso se plaindrait d’un manque de vitesse de pointe, sauf qu’il ne s’agit plus du moteur Honda… Trop d’aéro tue l’aéro.
Haas
Magnussen marque encore des points ! Le chien fou de la F1 est la star de l’écurie américaine et éclipse clairement Grosjean !
Oula Grosjean… C’est sur lui que nous allons nous pencher le plus dans ce billet espagnol.
Accident
Seconds into the #SpanishGP – carnage 💥
— Formula 1 (@F1) 13 mai 2018
Take a look at *that* early crash from all the angles 👀
Grosjean OUT
Gasly OUT
Hulkenberg OUT#F1 pic.twitter.com/3RinHMW1BF
Explication
First lap retiree Grosjean felt his incident was impossible to avoid 😬#F1 🇪🇸 #SpanishGP pic.twitter.com/zbpstT37Tv
— Formula 1 (@F1) 13 mai 2018
Ce que j’en dis et ce qu’en a dit la palette de Canal ? Mettez la première vidéo à 0:34 et regardez le mouvement de Magnussen. Cela correspond avec l’explication en interview.
Du coup, on ne lui en veut pas ? Si. Ce n’est pas tellement ce mouvement le problème, c’est qu’à 0:38 il met pied au plancher, se cale au rupteur (ça y est, c’est placé !!!) pour quoi ? FAIRE UN 360 !? Mais dans quelle bulle de satin vit-il ? Carmageddon s’en est suivi. La FIA a parlé : 3 places de pénalité pour Monaco. C’est assez peu cher payé pour un tel chaos qui, en plus de gâcher la course d’autres pilotes, aurait pu être bien plus grave sur le plan corporel. Hulkenberg, victime de Romain, y est allé de son petit mot en disant qu’il devrait penser à changer de sport.
Renault
Hulk taclé à la gorge par Grosjean, il n’est pas possible de le noter. Sans compter qu’en qualifications, il a eu un problème de débit d’essence qui ne lui a pas permis de se hisser haut sur la grille. Sainz, quant à lui, a été très à l’aise à domicile et signe à nouveau un bon résultat. Bravo !
Force India
Deuxième abandon d’affilée pour Ocon. C’est moche parce que Perez inscrit encore des points. La Force India semble aller mieux mais elle n’est clairement pas à son niveau de l’an dernier.
Williams
Un plan de redressement serait en cours… Aucun commentaire.
L’humour complotiste
Les rétroviseurs de halo Ferrari illégaux
Barcelone, 10 mai 2018. Ferrari s’installe dans son stand. Les premières images effroyables tombent : Ferrari a osé monter des rétroviseurs sur le halo ! Il s’agit de la première écurie. Réaction : ce n’est finalement pas si moche.
« Pas de problème alors ? »
Ce qui complique la chose, c’est qu’en plus des rétroviseurs, Ferrari a ajouté des ailettes… Il n’en fallait pas plus pour que des plaintes retentissent dans les bureaux de la FIA. Cette dernière se rue dans le paddock et finit par interdire les rétros Ferrari dans cette configuration. Attention ! Ils peuvent tout de même courir dans cette configuration pour le week-end espagnol.
Alors, complot ou pas ?
Ferrari a exploité une faille de la FIA, c’est simple comme bonjour. C’est le jeu de la F1 : qui saura lire entre les lignes et tirer le meilleur parti du règlement. La FIA a avoué que la réglementation était obscure et a, d’elle-même, sorti une directive qui ajoute quelques détails en attendant une version complète pour 2019. Il n’y a pas acharnement ou autre de la part de la FIA qui ne fait que répondre aux plaintes d’autres écuries. Ce que je ne salue pas, c’est que l’innovation voire la créativité ne semble plus avoir sa place en F1. A quand un châssis commun pour éviter ce genre de procédures ? Ridicule.
Ce qui est plutôt cocasse, et qui a été relevé par Craig Scarborough, c’est que la FIA demande à ce que les rétroviseurs ne soient fixés que par un seul élément… et que s’il y en a plus d’un, elle demandera une justification auprès de l’écurie qui devra, via un test physique, démontrer que la ou les pièces supplémentaires de fixation sont bien dédiées à renforcer la structure et ne servent donc qu’à ça.
"Teams which use more than one mounting, may be required to demonstrate why they are needed from a structural point of view." pic.twitter.com/Fhwad5U0dg
— Craig Scarborough (@ScarbsTech) 17 mai 2018
Il est également mentionné qu’il ne doit pas y avoir de gain aéro, ou seulement de manière minime voire « accidentelle ». La suite à la prochaine saison ou à la prochaine enquête. Williams, Force India, si vous nous regardez, le bureau de dépôt des plaintes est ouvert cinq jours sur sept, de 8 h à 17 h non-stop.
NB : lors de l’enquête pendant le Grand Prix, Ferrari s’est défendue auprès de la FIA en disant que les ailes de rétroviseurs servaient à consolider l’ensemble. Cet élément n’a pas été retenu.
Les pneus Pirelli par et pour Mercedes
Le titre de paragraphe est à nouveau racoleur mais il résume bien l’état d’esprit dans la twittosphère durant le week-end.
Posons les bases. Mercedes, après les essais hivernaux sur cette même piste, demande à Pirelli des pneus plus fins de 0,4 mm pour Barcelone, Silverstone et le Paul Ricard. En cause, l’asphalte tout neuf qui produit plus de grip. Isola et donc Pirelli niaient en avril (et nient toujours) que la demande de faire des pneus plus fins pour éviter la surchauffe, et donc les cloques, émane de Mercedes en particulier. Ajoutons de l’eau au moulin avec Ferrari qui annonce qu’ils n’ont pas été consulté sur ces pneus mais juste informés. McLaren annonçait également qu’ils n’avaient aucun problème de blistering quelconque. Vettel aurait soi-disant annoncé en mai que Mercedes a été rejoint par Red Bull dans cette demande parce que ce sont les deux équipes qui avaient des problèmes en pré-saison. Saupoudrons le tout d’un autre fait rapporté : Pirelli a besoin que 70 % des équipes soient d’accord pour changer les choses mais que la marque italienne de pneumatiques aurait invoqué la sécurité pour outrepasser ce quota.
Beaucoup de rumeurs, de conditionnel et j’en passe. Qui dit vrai ? Qui dit faux ? Nous avons des archives ça et là qui montrent que Mercedes était seule à demander ceci et d’autres, dont Pirelli eux-mêmes, qui disent que Mercedes n’était pas du tout la seule équipe.
Mais alors, comment trancher ? Grâce au seul et unique : Sebastian Vettel. En tests printaniers, il a utilisé les pneus habituels et s’est rendu compte qu’avec un pneu dit standard, son dimanche aurait été bien pire. Fin de la discussion. Complot terminando.
PS : sympa l’espion pneu Mercedes chez Ferrari pendant la course.
👀 😮 😆@ScuderiaFerrari @MercedesAMGF1#SpanishGP #F1 pic.twitter.com/Mfs3cfFKSz
— Formula 1 (@F1) 14 mai 2018
Espagne out, vivement Monaco !
Une course espagnole très moyenne qui a plus fait parler d’elle sur les décisions législatives de la FIA que sur l’asphalte tout noir et bien neuf de sa piste. Qu’attendre du Grand Prix de Monaco, réputé « chiant » par bien des adeptes de la course automobile ?
Chauvin que je suis, je pense qu’il se passera quelques trucs sympathiques. Mais attention, l’excitation hors piste n’est pas prête de s’arrêter et les théories du complot continueront de pululer. Preuve en est qu’en ce moment, Ferrari est à nouveau dans le viseur. Auto Motor und Sport annonce que la Scuderia arriverait à tromper les capteurs de mesure de la puissance électrique, ce qui leur permettrait de dépasser la norme des 4 mégajoules, nom de Zeus ! Affaire à suivre.
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Vous pouvez retrouver le guide Au Rupteur des différences entre 2017 & 2018 en F1. Vous pouvez également obtenir le condensé des infos de la saison (écuries, pilotes, pneus et calendrier) au format PDF.