Réglementation 2021 en F1 : les propositions
La FIA et la F1 ont révélé une vision concrète de ce que pourra être la F1 en 2021. Cette fameuse réglementation 2021 devrait être validée par les écuries d’ici septembre pour une présentation fin octobre.
Voici les quatre piliers de développement proposés par Ross Brawn, Pat Symonds et Nicholas Tombazis.
Des voitures plus maniables en course
Effet de sol
En 2019, nous avons eu les prémices d’une refonte aéro permettant de pallier les problèmes introduits en 2017 (et même avant d’ailleurs). Le problème est bien connu : une voiture qui en suit une autre perd environ 50 % de son appui aérodynamique. D’après Tombazis, les améliorations actuelles ne sont rien à côté de ce que nous verrons dans deux ans. En effet, la nouvelle réglementation va réintroduire l’effet de sol. Les voitures qui produisaient de l’appui aéro grâce à des fonds sculptés amenant l’air depuis les côtés avaient été bannies en 1982 suite aux accidents de Villeneuve et Pironi.
Petit point historique, les premières F1 à effet de sol étaient les Lotus de Colin Chapman en 1978. Les voitures ainsi conçues étaient tellement efficaces que les pilotes pouvaient s’évanouir, Arnoux ou Piquet peuvent témoigner. Tout un dossier sur l’effet de sol est présent chez Racefans.

Pour en revenir aux voitures de 2021, avec une conception à effet de sol, la perte aéro subie en suivant une autre monoplace passerait de 50 % (2017) à 5-10 %.

Ceci sera possible avec un gros tunnel à effet Venturi au niveau des actuels déflecteurs. Chaque tunnel ira alimenté un double diffuseur.

Les pneus
Un autre point sur lequel cet effet de sol aura un effet : les pneus. Qui dit « grip aéro » dit « moins de grip mécanique » et donc d’usure des pneus. Or, nous savons que si une voiture en suit une autre, elle est obligée de taper dans la gomme pour compenser la perte d’appui aéro. Ainsi, il y a une usure prématurée des pneus, une gestion qui se met en place et etc. Un cercle vicieux que la FIA souhaite éradiquer ! Selon Symonds, ça fait deux ans que Pirelli reçoit les mauvaises demandes. Tombazis garantit une plus étroite collaboration avec le manufacturier. Ces échanges seront d’autant plus renforcés avec le passage en roues de 18 pouces au lieu de 13. Ce qu’il faut noter, c’est que les discussions se dirigent vers un pneu qui ne se dégrade plus autant. Ils veulent avoir un meilleur spectacle en course et pas un match de gestion des gommes.

Par contre, Symonds explique bien qu’ils ne feront pas un pneu « super dur » qui roulera sans usure, « à la 24 h du Mans ».
Petite note : les couvertures chauffantes devraient être interdites. Ceci a déjà été évoqué il y a un an avec l’annonce des roues en 18 pouces et semble se confirmer. D’ailleurs, nous avons déjà vu une baisse de température pour les couvertures arrière (de 100 à 80°C) avec pour but d’éviter le graining, chose qui semble fonctionner.
Une grille plus homogène
Un règlement plus strict
Brawn déplore l’écart de plus de trois secondes entre la pole de Bottas et le temps de Kubica au Grand Prix de Grande-Bretagne. Il réduire sensiblement cet écart en permettant aussi à plus d’écuries de gagner. Pour lui son but serait de mettre un Leclerc et un Verstappen dans une équipe de milieu de peloton et qu’il puisse gagner, chose impossible aujourd’hui.

Brawn veut un règlement aéro très normatif qui empêcherait à une écurie de trouver la solution magique pour annihiler la concurrence (venant de lui, c’est cocasse).
Le risque : que les écuries trouvent ça trop contraignant et se désintéressent du développement. La peur d’avoir des règles trop dures et, surtout, identiques pour tous (comme si elles ne l’étaient pas actuellement…) est limitante de prime abord. Mais selon lui, le but est qu’une écurie n’aille pas chercher la brèche pour gagner deux secondes. Il veut que tout le monde soit logé à la même enseigne et que les ingés se défoncent pour gagner 2 deuxièmes.
Le pilote avant la technologie
Il est à noter que la suppression de certaines aides aux pilotes sera évaluée avant octobre.
Une autre façon d’augmenter l’implication du pilote, plutôt que de faire une bataille d’ingés, serait de limiter la communication de télémétrie entre voiture et stands. D’ailleurs, le pilote devra aussi se débrouiller si jamais la voiture ou ses pneus surchauffent plutôt que d’attendre un tuto de ses ingés à la radio.
L’esthétique des F1
Ca c’est sûrement le tournant de 2021 le plus surprenant : la F1 souhaite consulter les fans pour qu’ils donnent leurs avis sur l’esthétique des bagnoles !!! Les têtes pensantes disent que le modèle 2021 présenté n’a pas un nez sexy et qu’ils bossent dessus. Mais surtout, ils souhaitent provoquer un effet « wahou ! ». Ils désirent que des posters des monoplaces finissent sur les murs des chambres des fans. En gros, ils ne veulent plus des autos « dictées par la réglementation ». On se souvient tous des voitures 2014 et de leurs superbes nez…

Un styliste automobile sera aussi consulté pour traduire des caractéristiques importantes du design en régulations techniques.
Un peu hors sujet, mais évoqué avec ce point : les circuits feront aussi l’objet de l’attention des dirigeants de la F1. Le Vietnam est le circuit témoin de cette nouvel orientation. Selon Brawn, cette philosophie doit permettre d’analyser les type de circuits pour voir où la Formule 1 doit être amenée. Pour votre serviteur, elle doit surtout voir d’où elle doit partir et quels circuits elle doit faire évoluer.
Les thunes !
Outre les plafonds et des budgets plus serrés, la F1 veut que les écuries dépensent moins. Le championnat doit être plus viable financièrement parlant.
Standardisations et interdictions
Pour permettre ceci, voici une liste des éléments identifiés qui permettront de réduire les coûts :
- Des jantes standardisées.
- Un système de freinage commun.
- Les systèmes de suspensions hydrauliques bannis.
- Une limitation dans l’utilisation de certains matériaux « exotiques ».
- Des radiateurs standardisés.
- Une spécification figée des paramètres de la boîte de vitesses.
- Les équipements des stands standardisés (donc pour toutes les équipes).

Tout ceci sera discuté pour être inclus dans la réglementation 2021, tout comme d’autres pistes comme la diminution du temps alloué en soufflerie.
Les petites écuries au même niveau que les grosses
La F1 souhaite aussi limiter la taille des équipes pour éviter que les grosses écuries aient une force humaine plus importante que les plus modestes. Brawn, qui sait de quoi il parle, veut éviter que les grosses écuries mettent 10 personnes sur un projet qui n’en nécessite que 2 avec un résultat final seulement 5 % plus performant.

En gros, ça serait comme un jeu avec allocation des ressources : « vous voulez mettre 10 gars sur ce projet ? Il ne vous en reste plus que 3 pour un autre, à vous de voir où vos forces doivent être placées pour maximiser vos gains de performance. »
Mais
Il y a toujours un voire des « mais ».
Mais il est proposé que les salaires des pilotes et de certains postes importants ne soient pas inclus dans ce contrôle des coûts.
L’autre « mais » qui est plus positif : aucune restriction dans les campagnes de marketing parce qu’elles font du bien à la F1 dans son ensemble.