F1 Esports Series 2019 : la pro draft

Après deux saisons esportives de test pour la Formule 1, cette année 2019 marque un nouveau tournant pour les F1 Esports Series. En effet, toutes les teams officielles prendront part au championnat, Ferrari faisant son entrée cette année. Lançant depuis l’année dernière la saison, s’est tenue mercredi soir dernier la « pro draft », cérémonie de sélection pour les dernières places disponibles au sein des différentes équipes de Formule 1.

Mais la pro draft qu’est ce que c’est et à quoi ça sert ? Beaucoup se posent encore la question et c’est ce à quoi nous allons tenter de répondre de la manière la plus claire possible dans un premier temps. Je vous présenterai enfin l’ensemble des choix faits par les écuries lors de cette cérémonie. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je ne me suis pas présenté. Mon nom est Richard Arnaud, certains rupteurs doivent me connaître à travers l’équipe de simracing Race Clutch que j’ai créée et que je manage. J’ai aussi officié dans l’équipe de commentateurs du Grand Prix de France Electronique au Castellet. Etant un dinosaure sur la scène esportive du simracing, j’ai aussi organisé des tournois, et endossé bien d’autres rôles dans ce milieu. Enfin, si vous avez suivi les F1 Esports Series l’année dernière, vous m’avez peut-être déjà lu sur un autre site de F1 pour lequel j’ai partagé mes analyses d’avant et après saison. Bref, maintenant que les présentations sont faites, et le cadre posé, entrons dans le cœur du sujet. Notez déjà que j’ai du mal avec la synthèse lorsque j’écris. La lecture sera longue, mais complète et croustillante à souhait. C’est parti !

Pro draft : définition

La pro draft a été lancée en 2018 pour la deuxième saison des F1 Esports Series et l’arrivée des teams de Formule 1 au sein du championnat (les pilotes couraient en « candidats libres » lors de la première saison en 2017). Le principe est simple, et reprend celui de la NBA (Ligue Nationale de Basket Américaine) :
  • Un certain nombre de pilotes est sélectionné pour participer à la pro draft, via de multiples formes de qualifications (événements en ligne, invitations, compétitions officielles, etc). Leur objectif lors de la semaine de draft est de se montrer sous leur meilleur jour afin d’être retenu par une des équipes de F1.
  • Les équipes de Formule 1, elles, disposent d’un certain nombre de « picks » ou choix de tour de draft. C’est-à-dire que les équipes ont un ordre de passage, et qu’elles ont un nombre limité de places dans leur effectif. Elles doivent donc faire le bon choix, avec le risque de voir le pilote qu’elles avaient en vue d’être pris par une autre équipe pouvant faire son choix plus tôt dans le tour.
A noter que chaque équipe a l’obligation d’avoir, dans ses pilotes, un coureur issu de la draft. Cette obligation est réglementaire, si vous êtes juriste en herbe ou voulez postuler en tant que créateur de règlement à la FIA, je vous invite à vous rendre sur le site officiel des F1 Esports Series où vous pourrez retrouver l’intégralité du règlement. Pour cette année, l’ordre de passage a été déterminé par le classement officiel du championnat du monde des F1 Esports 2018, Ferrari bénéficiant du premier tour en tant que nouvel entrant : Et les candidats étaient les suivants : Ils étaient un peu plus de 40 au début de la semaine et ils n’étaient plus que 30 à l’issue des dernières épreuves qualificatives dont vous avez pu suivre les résumés en live. Une course de 50% sur Silverstone, le top 8 de chaque poule passe pour la cérémonie. A côté de cela, les pilotes se sont entretenus avec chaque écurie, afin que celles-ci affinent leurs choix, et sélectionnent le ou les pilotes complétant au mieux leur effectif. Vous comprendrez donc que la pro draft est une épreuve « de la dernière chance », la majorité des écuries ayant déjà composées leur line-up. Force India ou encore Renault, par exemple, avaient déjà annoncé leur équipe de titulaires bien avant la draft. L’objectif est de combler les places restantes et créer des opportunités pour de nouveaux talents au-delà de ceux déjà en place. Passons donc désormais aux choix de l’ensemble des écuries lors de cette soirée. Un seul tour pour cette draft, chaque équipe n’ayant utilisé qu’un seul « pick ». Nous avons donc 10 lauréats.

Les choix des écuries à la pro draft

Draft picks

Pick #1 : Ferrari – David Tonizza

Faisant son entrée dans le championnat, Ferrari bénéficiait du premier choix de draft pour cette saison 2019. En toute logique, l’équipe italienne a sélectionné l’un des meilleurs prospects de cette draft, qui plus est italien ! Tonizza est un jeune pilote ayant fait une saison tonitruante à l’Apex Online Racing (ligue internationale la plus réputée sur Formula 1, la division un cran en dessous des F1 Esports) en remportant le championnat l’année dernière. Il manque peut-être encore d’expérience, mais il sera dès sa première saison un outsider à surveiller.

Pick #2 : Renault – Simon Weigang

Derniers du championnat la saison dernière, Renault cherche à relever la tête après une première campagne pour le moins décevante. S’ils ont annoncé très tôt leurs titulaires, et James Doherty (TRL Limitless) reconduit en coach, la pro draft constituait un enjeu important pour eux. Weigang est un bon pilote, lui aussi connu à l’Apex Online Racing sur la plateforme Xbox. Pour autant avec le 2e pick, il y aurait eu mieux à faire pour la marque au losange. Il ne renforce pas vraiment l’effectif et la plateforme Xbox a grandement perdu de son niveau d’antan (la plateforme était dans les années 2010 à 2015 la référence, supplantée depuis par les pilotes PC). Choix très (trop ?) conservateur à mon sens, à l’instar de Kimmy Larsson la saison dernière.

Pick #3 : Haas F1 Team – Floris Wijers

Le choix le plus décevant de cette draft. Si Floris a montré de bonnes choses après la draft, il est connu dans la communauté pour constamment craquer sous la pression et n’a jamais délivré de réels résultats en ligue. Il peine à jouer le top 5 sur PS4 au sein de l’Apex Online Racing. Autant dire que vu le niveau des F1 Esports Series, il n’a le potentiel que pour grapiller de tous petits points avec un peu de réussite. Avec des Nicolas Longuet ou encore Sven Zürner encore disponibles à ce moment de la pro draft, on peine à comprendre le choix fait par Haas. Nous ne sommes jamais à l’abris d’une surprise et Floris se révèlera peut-être dès septembre, mais on y croit peu.

Pick #4 : Williams Esports – Isaac Price

Choix évident pour Williams. Isaac est un pilote officiel Williams Esports depuis plusieurs mois maintenant. Issu de la simulation iRacing, et champion du monde en Blancpain GT en 2017 (iRacing toujours), aux côtés d’un certain Frédérik Rasmussen, il sera un parfait complément aux deux jeunes titulaires de l’écurie de Groove. Price est un pilote d’expérience qui, si bien managé, pourra apporter de gros points et surtout faire monter la mayonnaise au sein d’une équipe pleine de promesses. Enfin, il faisait partie du giron Fernando Alonso Racing G2 Esports (écurie simracing coulée depuis), il pourra donc apporter une expérience précieuse à une structure comme Williams.

Pick #5 : Red Bull Esports – Nicolas Longuet

Un choix par défaut pour l’écurie autrichienne ! En effet, elle comptait, tout comme Williams, sélectionner un pilote de son giron… Mais Sébastian Job n’a pas passé le cap des courses éliminatoires, terminant 9e et premier non qualifié de sa poule. Red Bull a dû revoir ses plans, et avec les choix hasardeux de Renault puis Haas, elle s’en tire bien en sélectionnant l’un des plus jeunes et des plus prometteurs de cette promotion 2019 : Nicolas Longuet. Franco-italien, il avait terminé 2e du récent Grand Prix de France électronique et a remporté sa série sans trembler dans les courses éliminatoires. Malheureusement pour lui, vu les titulaires au sein du team (Rasmussen et Tormala), il ne devrait pas courir de la saison. Il apprendra auprès de deux cadors en 2019, en espérant une titularisation chez Toro Rosso en 2020, sait-on jamais.

Pick #6 : Sport Pesa Racing Esports – Lucas Blakeley

Emu jusqu’au larme à l’entente de son nom, Blakeley risque de malheureusement vite déchanter. S’il est un très bon choix de draft, bon pilote, bosseur et ayant énormément progressé depuis un an (et aussi perdu plus de 10 kg), il n’est malheureusement pas dans la bonne écurie. Managé en back-office par la structure Esports+CARS (qui a été au cœur de pas mal de polémiques depuis son lancement), Lucas ne fait pas partie de ce giron et les deux titulaires étant déjà en place. On ne devrait ainsi pas beaucoup le voir rouler cette saison. Bon choix donc pour SPRE, qui complète bien son effectif, mais pour Blakeley cela risque d’être la déception, comme un certain Fabrizio Donoso, parti l’année dernière de la structure.

Pick #7 : McLaren Shadow – Allert Van der Wal

Excellent choix pour McLaren qui récupère un pilote complet, rapide et qui ira parfaitement avec l’effectif déjà en place. Van der Wal, jusqu’à présent managé par Veloce Esports, devrait être libéré suite à sa non-reconduction par Sauber Esports, ce qui lui permettra de rejoindre les rangs de Redline. Allert connaît déjà bien son compatriote néerlandais, Bono Huis, ce qui finira de faire fonctionner l’alchimie au sein du team. Déjà blagueur avec Lando Norris lors de son annonce, il sera un des talents à suivre et devrait être dans de bonnes conditions pour réitérer sa très bonne campagne 2017 aux F1 Esports.

Pick #8 : Sauber Esports – Kimmy Larsson

En toute transparence, Sauber Esports (géré par Veloce Esports) venait à cette draft pour question réglementaire. En effet, leur line-up est déjà constitué et ce choix était celui d’un 4e pilote. Larsson (qui ne craint personne) lui-même n’en revenait pas d’être sélectionné. Non issu de la maison Veloce, il ne courra sans doute jamais de la saison. Son année 2018 avec Renault avait déjà été assez décevante et ne jouera pas en sa faveur pour espérer faire une apparition dans le championnat.

Pick #9 : Toro Rosso – Manuel Biancolilla

Tout comme sa grande sœur Red Bull, l’écurie de Faenza dispose d’un line-up de titulaires solide (Bolukbasi & Holzmann). La recherche était donc à un jeune prometteur qui sera là pour apprendre. Biancolilla ne paraissait pas être le choix le plus évident, peu connu de la scène simracing. Il a pourtant bien réussi à se hisser jusqu’à la dernière étape de la draft. C’est sans doute ce qui a séduit l’écurie et l’ADN Red Bull. Il ne devrait pas rouler dans le championnat cette saison mais il sera intéressant de suivre sa progression en ligue (type Apex Online Racing) et son apprentissage auprès de coéquipiers talentueux et expérimentés.

Pick #10 : Mercedes – Daniel Shields

Championne du monde en titre, la marque à l’étoile s’est donc vue attribuer le dernier choix de la draft cette année. Une position difficile, sachant que Mercedes a perdu Daniel Berezney durant l’intersaison… La draft était donc un moment important afin d’envisager de conserver le titre de 2018. Leur choix s’est donc orienté sur le seul australien du plateau : Daniel Shields. Un choix très intéressant de la part de l’écurie allemande. Shields est issu de la VP Gaming, une structure esport allemande présente en simracing depuis de nombreuses années et relativement sous-cotée. Il devrait être un parfait lieutenant aux côtés de Leigh. Mercedes y mettant les moyens, la préparation sera une étape clé afin de débloquer le potentiel de l’australien et jouer dans la cour des grands pour 2019. Draft 2019 - participants

Les line-ups complets

Vous avez donc fait connaissance de l’ensemble des sélectionnés pour la draft ! Sans entrer dans le détail (cela donnera lieu à un autre article), voici l’ensemble des line-ups connus pour les F1 Esports 2019.

Mercedes

Brendon Leigh – Daniel Shields Il reste donc une place chez Mercedes. Ce 3e pilote devrait être Patryk Krutyj, déjà lié à la marque à l’étoile l’année dernière en tant qu’essayeur. Il devrait reprendre de nouveau ce rôle en 2019.

Ferrari

David Tonizza – Amos Lauritos Ferrari a annoncé ses deux premiers pilotes, le second étant un autre italien, Amos Lauritos, simracer très populaire en Italie. Il devrait apporter sa bonne humeur à l’équipe. Il est un repêché de la draft, n’ayant pas fini dans le top 8 de sa poule. Une place reste donc à attribuer chez Ferrari, et ce pilote ne devrait pas être issu de la draft. Aucune information n’a filtré jusqu’à présent mais quelques gros noms de la scène simracing pourraient refaire surface. Affaire à suivre.

Red Bull

Frederik Rasmussen – Joni Tormala / Nicolas Longuet

Toro Rosso

Cem Bolukbasi – Patrick Holzmann / Manuel Biancolilla

McLaren

Bono Huis – Enzo Bonito / Allert Van der Wal (Olli Pahkala en manager)

Renault

Jarno Opmeer + Cédric Thome / Simon Weigang  (James Doherty en manager)

Williams

Alvaro Carreton – Tino Naukkarinen / Isaac Price

Haas F1 Team

Martin Stefanko – Jan Fehler / Floris Wijers

Alfa Romeo

Daniel Bereznay – Salih Saltunc / James Baldwin / Kimmy Larsson (Aarava en manager)

La suite

Je vous ferai un premier aperçu et jugement des forces en présence sur mon compte Twitter : @liftandcoast_. Durant l’été, un article complet devrait faire surface lors de l’officialisation de l’ensemble des teams et de leurs staffs. N’hésitez pas à transmettre votre feedback sur celui-ci et à me contacter s’il y a des choses que vous aimeriez savoir / découvrir plus en détail ! Au plaisir de se retrouver au prochain épisode !

Richard Arnaud