F1 Esports 2019 Event 1, Mercedes en rade, Ferrari épatante

Alors que la deuxième manche des F1 Esports Series 2019 approche à grands pas, il est temps pour moi de vous parler des premiers enseignements de l’event 1 et il y en a ! Entre Ferrari (enfin, Tonizza) qui démarre sur les chapeaux de roues, Mercedes en difficulté, la malchance d’Alfa Romeo et Toro Rosso bon dernier du championnat, il y aura eu de l’action en piste et des surprises !

Retour donc sur cette ouverture du championnat, qui donne le ton pour la suite de la saison.

Ce premier chapitre s’est déroulé en 3 courses : Bahreïn, Chine et Baku. Vous pourrez trouver l’ensemble des résultats sur le site officiel. Afin de vous éviter une redite, je vous invite à consulter les résumés sur la chaîne YouTube officielle de la F1 où le replay de l’événement ainsi que des highlights de chaque course sont disponibles.

La parenthèse stats : Les F1 Esports déjà mieux que les formules de promotion ?

Je prends le temps, avant d’entrer dans le vif du sujet, de faire un aparté sur les audiences de cette première manche. Il s’agit donc d’une page statistique qui montre l’explosion des F1 Esports et de l’intérêt pour le simracing et l’esport de manière générale. Qui plus est, la moitié des chiffres qui sont partagés sont souvent arrangés ou masquent la vraie réalité du marché. Avec mon humble background de marketeux et amoureux des chiffres, prenons le temps d’étudier la petite révolution qui se déroule sous nos yeux.

N’ayant pas les chiffres des différents diffuseurs TV, je me contente de commenter les chiffres sur les réseaux sociaux, qui sont susceptibles de très légèrement évoluer entre le moment où l’article est écrit et quand vous le lirez même si cela devrait être marginal. Lors du direct, j’ai pu parcourir les canaux de diffusion, Facebook, Twitch et YouTube donc. En moyenne, j’ai pu constater 30 000 viewers en direct. Le pic doit être un peu plus haut, frôlant sûrement les 40 000. Des chiffres bien entendus excellents pour du simracing, un peu supérieurs au FIA Gran Turismo Championship (qui en est seulement à sa seconde année contre trois pour les F1 Esports). Mais pour mieux apprécier la performance, mettons cela en perspective avec d’autres compétitions esportives, plus populaires et généralistes. Bien entendu, nous sommes encore loin des diffusions de grandes compétitions sur League of Legends, Counter-Strike ou l’ogre Fortnite, mais ces chiffres sont déjà comparables aux dernières éditions des Halo World Championship ou à certaines compétitions de Call of Duty. Bref le potentiel est bien là et contrairement à majorité des autres compétitions cités, les F1 Esports sont déjà vendus à des diffuseurs TV, comme la Sky ou encore Automoto La Chaîne pour la France.

Pour autant le plus intéressant n’est pas ici. Le plus intéressant, est comme sur le pilotage, de comparer le virtuel et le réel. Et nous allons nous intéresser particulièrement à la chaîne YouTube de la F1 et comparer les F1 Esports avec les formules de promotion que sont la F2 et la F3.

Rapidement, on constate globalement que 10 % de l’audience sur YouTube de la F1 s’intéresse aux F1 Esports, tout en sachant que c’est la première année que les F1 Esports sont proposées sur YouTube. Ce chiffre se base en comparant : le live des F1 Esports (400,000 viewers) et la moyenne de vues des highlights des courses réelles (environ 4 millions). Si l’on prend le « Top 5 moments » des F1 Esports, qui lui aussi a fait plus de 400 000 vues, on se rend compte que c’est beaucoup plus que les « Beyond the grid », « Comparison lap » et autres séries vidéo du sport « réel ». Et si nous les comparons au « Top 5 Moments » de F2 la même semaine (GP d’Italie), les F1 Esports ont fait quasiment quatre fois plus d’audience…

Si l’on prend les highlights, le constat est un peu moins sévère, avec un peu moins de 200 000 vues en moyenne pour les F1 Esports, supérieurs à la F2, un peu moins que la F3 mais cela s’explique par l’impressionnant crash de la parabolique durant le weekend italien. En bref, il n’est pas inopiné de dire que les F1 Esports ont plus intéressé que les formules de promotion, ce qui doit commencer à en faire réfléchir un paquet quand on compare les budgets d’un team esportif et ceux d’un team de F2 / F3.

Bien-sûr le constat est à relativiser, les F2/F3 bénéficient d’une diffusion TV plus large et il s’agissait du premier événement des F1 Esports de l’année. Nous n’avons également pas l’ensemble des données (taux d’attention moyen par vidéo, géolocalisation des audiences et etc), mais loin de moi l’idée de vouloir vous faire un cours de mathématiques/statistiques. Simplement, il faudra donc voir si sur la durée, les audiences perdurent, mais elles sont en tout cas plus qu’encourageantes et amènent pas mal de questions sur le futur du sport automobile, de nombreux articles commencent à fleurir sur le sujet d’ailleurs.

Le constat est terminé, en espérant qu’il aura suscité votre curiosité et vous amènera à vous poser des questions sur les F1 Esports et le sport auto. L’objectif est ici d’alimenter votre réflexion et non pas d’affirmer. Le sujet mériterait une véritable étude de cas, pleine de graphiques et stats avec sûrement d’une bonne centaine de pages !

Après tout, l’explication est peut-être toute simple : les courses des F1 Esports sont tout simplement superbes à suivre ! Performances identiques, niveau de la grille élevé, format de 25% ; tous les ingrédients pour un show de qualité, qui intéresse les gens, proches ou non du milieu du jeu vidéo. Parfaite transition pour vous parler des enseignements du premier événement londonien.

Mercedes, l’étoile n’a pas brillé

Brendon Leigh

Actuellement 7ème du championnat, Brendon Leigh 6ème et Patryk Krutyj n’ayant scoré que 4 unités (grâce à des pénalités devant lui en Chine), Mercedes est l’une des déceptions de ce premier épisode du championnat. Durant les trois jours de compétition, l’écurie allemande semblait préoccupée par son rythme, notamment en qualification. Elle s’est d’ailleurs faite dominée par l’écurie sœur Force India, la faute à un second pilote trop faible, comme je vous en avais parlé lors des pronostics d’avant saison.

Le problème semble venir d’un mauvais équilibre entre les grips aéro et mécanique ; la voiture serait trop chargée aérodynamiquement pour compenser un manque de grip mécanique. Si cela marche plutôt bien en course, Leigh aillant fait de belles remontées sur toutes les courses (hors pénalité subie en Chine), en qualif ça n’est pas le cas. Enfin contrairement à Alfa Romeo, l’alchimie de travail avec Force India et entre coéquipier semble faible. Cela s’est fait ressentir en qualification, avec des jeux d’aspiration mal exécutés, voire pas du tout, par rapport aux autres teams sur la grille.

J’ai eu la chance, après l’événement, d’échanger avec Brendon Leigh et Marcel Kiefer pendant une trentaine de minutes. Le double champion en titre semblait confiant quant à son rythme et sa capacité à remonter au championnat. Le rythme en course est là et les ajustements à faire viendront durant la saison. Les deux pilotes m’ont cependant confirmé le gros travail d’analyse qu’il allait falloir effectuer en vue du round 2. Affaire à suivre donc, mais le management de la firme à l’étoile est reparti la tête basse, réaction attendue ce soir, mercredi 2 octobre.

Daniel Bereznay et Alfa Romeo, le chat noir

Sur un level de 1 à Kimi Raïkkonen sur l’échelle du chat noir, Daniel Bereznay et Alfa Romeo ont atteint des sommets lors de ce premier événement. Si à Bahreïn, l’erreur est à imputer à Bereznay qui loupe les freins sous la pression de Rasmussen et jette 25pts par la fenêtre, en Chine et à Baku, le pilote hongrois a connu de nombreux problèmes techniques sur son simulateur. Problèmes de volant et de pédalier, ayant conduit à son abandon en Chine et à une séance de qualification écourtée à Baku, sans avoir pu bénéficier de l’aspiration, tout comme Saltunc. Par conséquent, ceci explique la contre-performance des Alfa en qualif en Azerbaïdjan par rapport à Bahreïn et la Chine. Si Saltunc a sauvé les meubles, permettant à l’écurie Italo-suisse d’être quatrième au classement constructeurs, le bilan aurait dû être beaucoup plus fructueux.

Alfa Romeo semble pourtant manquer un peu de performance en course par rapport à la qualification. Ceci est notamment toujours dû au management de l’ERS qui n’est pas le fort de leur concept de réglages. On l’a d’ailleurs vu en course où les deux autos avaient du mal à se défendre au fur et à mesure des Grand Prix en manquant un peu de « jus » sur quelques séquences pour se défaire du trafic. Il y a donc du travail encore à faire mais, clairement, pour l’événement n°2, je vois bien Alfa réussir à pointer en tête du championnat ou à la deuxième place. Avec seulement 6 points au compteur, Bereznay va devoir se déchaîner pour remonter dans la course au titre.

Un midpack ultra condensé

Entre la cinquième et la huitième place aux constructeurs, il n’y a que 3 points ! Et seulement 13 entre le podium et la huitième place. Si Ferrari et Red Bull ont fait un léger break en tête alors que Haas et Toro Rosso se partagent le fond de grille, le milieu de peloton est serré comme jamais ! Le niveau général atteint des standards impressionnants et la moindre erreur se paye cash. Ceci pimente le show et rabat régulièrement les cartes. Nous aurons ainsi encore pas mal de surprises.

Si l’on prend l’exemple de Williams Esports, ils n’ont scoré des points qu’à partir de Baku et se retrouvent dans la lutte grâce à un double top 5 ! Autant vous dire que les scénarios possibles sont infinis et que ceux qui se détacheront seront ceux qui réussiront à être les plus réguliers. Mais encore une fois ce ne sera pas facile vu le niveau affiché des teams. Les points se gagnent et se perdent facilement. AInsi, le classement actuel ne reflète pas forcément la réelle hiérarchie de la grille. Être opportuniste comptera autant que la vitesse pure.

Nicolas Longuet

Toro Rosso a fait les frais de ce mid-pack. Bons derniers du championnat, le clan Red Bull n’est, à vrai dire, porté que par Frederik Rasmussen. Il totalise à lui seul 43 points sur les 48 cumulés par les deux écuries. Si « Fredy » est à son niveau, l’alchimie ne semble pas là, particulièrement chez Toro Rosso. Ingénieur parlant en allemand avec Holzmann, Bolukbasi relativement isolé, l’ambiance ne donne clairement pas des ailes et le management, pourtant fait en partenariat avec G2 Esports, semble cruellement manquer.
Chez la grande sœur, il se dit que Nicolas Longuet pourrait être promu aux côtés de Rasmussen, de quoi se rapprocher de Ferrari en tête. A noter également qu’après l’événement, Red Bull a révélé que Joni Tormala aurait eu pas mal de soucis techniques sur son simulateur, pouvant expliquer sa contre-performance.

Au final, Renault, McLaren et Force India sont les teams à leur place dans la hiérarchie, ils n’ont pas forcément été les plus en vue, mais auront su être efficaces et présents quand cela comptait. Pour la team de Woking et l’écurie française, la campagne 2019 démarre bien mieux que la 2018. Cette régularité sera à suivre au fur et à mesure des courses car elle pourrait leur permettre de se rapprocher du bord du podium.

Il y a une stat remarquable pour cet événement : en seulement 3 courses, 17 pilotes ont marqué des points ! Seuls quatre compétiteurs n’y sont pas parvenus : Cem Bolukbasi, Amos Laurito, Isaac Price et Jan Fehler.

Ferrari, euphorie du virtuel au réel

David Tonizza

Les rouges sont rentrés par la grande porte, enfin… David Tonizza. Avec deux victoires et une troisième place, l’Italien réalise un carton plein ou presque ! Derrière, comme prédit, Giglioli et Laurito ne seront jamais au niveau et Laurito, second pilote pour cet événement, a brillé par son absence et ses dernières places. Il n’a même pas été capable de se hisser au niveau du top 15 quand son coéquipier triomphait sur la plus haute marche du podium. Le développement de cet hiver aura porté ses fruits. On va dire que je connais bien le développeur en question si vous me suivez sur Twitter, donc je suis peu surpris même s’il fallait que Tonizza concrétise derrière en piste.

L’excellente performance de ce premier événement cache donc quelques lacunes chez les Italiens, qui pourraient peut-être leur porter préjudice par la suite, surtout que Rasmussen et Alfa Romeo ont été malchanceux. En effet, Rasmussen a été une des victimes du crash initié par Bereznay. Dix-huit points se sont envolés et l’histoire serait différente.

Comme on dit, avec des si, nous mettrions Paris en bouteille. Ferrari savoure donc son entrée en matière et prend une sérieuse option sur les deux championnats. Elle peut se permettre des erreurs que leurs adversaires ne peuvent plus commettre même s’il reste encore 3 événements et 9 courses au total. Ils seront en tout cas intéressants à suivre et les tifosi ont le sourire. L’Italie a son héro virtuel !

Le programme du round 2 des F1 Esports

Pierre Gasly

Trois courses comme d’habitude, qui devraient offrir un sacré spectacle ! Au programme : Montréal, Spielberg et Silverstone !

L’étape canadienne risque d’être un enfer pour les pilotes en termes de pénalités et de limites de la piste. Le vainqueur sera celui qui maîtrisera parfaitement celles-ci.

L’Autriche risque d’être la course la plus spectaculaire avec les zones de DRS et les deux premières lignes droites. Des cortèges avec 3 ou 4 pilotes de fronts devraient être légion et les qualifications vont être déterminantes, tout comme au Canada, notamment avec les jeux d’aspiration.

La course de Silverstone devrait être plus technique et sera plus exigeante sur les pneumatiques. Il s’agit d’un des rares circuits utilisé sur toutes les saisons des F1 Esports. L’année dernière il avait ravivé la rivalité Leigh / Donoso alors qu’en sera-t-il cette année ? Réponse à 20 h, heure française, ce soir sur vos écrans.

Comme lors du précédent événement, vous pourrez suivre en France les F1 Esports via Automoto La Chaîne. Pour ce qui est des coulisses, je vous invite sur mon compte Twitter : @liftandcoast_. Cette fois-ci, je vais tenter de récolter quelques interviews des pilotes alors si certains ont des questions particulières, n’hésitez pas à me mentionner sur Twitter. Sinon, rendez-vous sur les réseaux sociaux de la F1, YouTube, Twitch ou Facebook selon votre préférence !

A très vite !

Richard Arnaud