Renault dénoncée ! Renault pénalisée ! Et Renault affligée !

L’écurie française est au bord de la tourmente. Racing Point avait préparé un dossier à son sujet concernant une aide au freinage. Les deux parties ont été entendues et Renault a été reconnue coupable d’utiliser une aide au pilotage. Elle a donc été disqualifiée de l’épreuve japonaise.
La décision est-elle aussi simple que ça et nous dirigeons-nous vers une guerre des dénonciations ?

Renault dénoncée !

Dès la fin du Grand Prix du Japon, Racing Point avait porté réclamation auprès de la FIA. Dans son collimateur : Renault ! Les écuries se battant avec Toro Rosso pour la cinquième place du championnat des constructeurs, il n’y avait de surprenant que le sujet de la réclamation : l’utilisation d’un système d’assistance de réglages prédéfinis pour la balance des freins.

Renault s’était alors exprimée sur la situation, expliquant qu’avec la complexité du dossier, ceci devrait être discuté ultérieurement, notamment pour permettre à l’écurie de générer une défense.

Les volants des monoplaces françaises avaient alors été saisis en attendant l’étude par la FIA et le jugement du cas.

Renault disqualifiée !

La décision est alors tombée mercredi soir sur le site de la FIA. Suite à l’audition des deux écuries, Renault était disqualifiée du Grand Prix du Japon.

Mais comment Racing Point a pu voir ceci ? Ils ont affirmé que le fonctionnement du système pouvait être visionné via la caméra embarquée, l’affichage de l’équilibre des freins sur les volants des monoplaces changeant sans intervention des pilotes.

De son côté, Renault n’a pas nié qu’un système maison (dont les documents ont été divulgués à la FIA mais pas à Racing Point) pouvait opérer ces réglages mais qu’il n’était en aucun cas dépendant d’un appareil de mesure pendant le tour. De plus, Renault accuse Racing Point de se baser sur les allégations d’un ancien employé qui ne connaissait pas tous les détails du système et en aucun cas sur des évidences filmées (malgré cette vidéo).

Tout ceci est détaillé dans les documents de la FIA qui suivent.

Pour Daniel Ricciardo

Pour Nico Hülkenberg

Résultats définitifs du Grand Prix du Japon 2019

Ainsi, cette disqualification implique que Lance Stroll et Daniil Kvyat se classent respectivement neuvième et dixième. Charles Leclerc hérite de la sixième place suivi par Pierre Gasly et Sergio Perez.

Bonne opération pour Racing Point qui passe à un relevé de 2 à 5 points pour l’étape japonaise… Au classement des constructeurs, Renault est alors cinquième avec 68 points devant Toro Rosso (62) et Racing Point (58).

Et Renault affligée !

Affligée car Renault ne fera pas appel. C’est ce qui a été annoncé par l’écurie sur Twitter lors d’un thread expliquant sa perplexité face à l’inconsistance de la décision. L’écurie n’a pas d’autre évidence à montrer et considère que ça serait une perte de temps que de continuer dans des débats stériles.

Ne pas se battre, est-ce la bonne solution ?

Ce qui décourage Renault, ça serait de repartir dans la même défense en expliquant que le système est légal pour recevoir à nouveau les mêmes arguments de la partie adverses. La décision de l’autorité suprême serait alors identique.

Renault considère que c’est légal car le système ne serait pas dépendant de réglages prédéfinis appliqués selon une mesure de distance de course style GPS. Donc on peut imaginer un système qui utiliserait une mesure de l’appui aéro pour régler la répartition de freinage en conséquence. Il faut rappeler que Renault ne nie absolument pas que le pilote n’a rien à faire.

Une autre hypothèse qui avait été avancée est que des capteurs détectaient chaque virage selon le mouvement de la monoplace pour y appliquer des réglages prédéfinis. Or, il est bien spécifié qu’aucun réglage prédéfini n’est présent. De plus, un tel fonctionnement serait utilisable seulement si le pilote prend chaque virage correctement. Supposons que les données récoltées par des accéléromètres ne soient pas égales à celles définies préalablement pour un virage donné. Le système perdrait alors ses repères.

Malgré tout et comme il a été énoncé précédemment : le pilote n’a pas à effectuer les réglages. Ils sont donc automatisés. Et c’est sur ça que la FIA s’appuie car elle considère que c’est bien une aide à la conduite. Or, une telle assistance est illégale (cf. art. 27.1).

Être une aide ou ne pas être une aide : telle est la question

Là où Renault « en a gros » c’est que, par exemple, pour Alfa Romeo en Allemagne, il n’y a eu « que » 30 secondes de pénalité (stop and go de 10 secondes). Sauf qu’ils ont été pénalisés sur un système d’aide à la conduite au niveau de l’embrayage.

Renault fait donc remarquer l’inconsistance des décisions de la FIA et la subjectivité pour qualifier un système d’aide à la conduite. Mais on peut lire dans les décisions que la fédération ne nie pas la sévérité de la sentence par rapport à d’autres cas concernant l’article 27.1.

Et alors ?

Quand on voit ce petit jeu politique, on ne peut qu’attendre d’autres dénonciations. Ca peut être une raison supplémentaire pour regarder le reste de la saison.

Dans un sens, c’est la guerre permanente entre les écuries. Ferrari serait notamment dans l’œil du cyclone avec les récents bruits de couloir concernant le surplus de puissance obtenu grâce à une fuite maîtrisée de l’huile dans l’intercooler (légal) pour que le fluide puisse entrer dans le processus de combustion (illégal).

Puis, ce n’est pas propre à cette saison. Il faut notamment se rappeler que Renault avait joué à ça avec Haas l’an dernier, ce qui avait permis à l’écurie française de se ménager un coussin confortable au classement des constructeurs et ainsi finir devant Haas. Haas avait d’ailleurs fait appel et avait perdu. Serait-ce alors un retour de karma pour Renault ?