Saison 2019 : le bulletin de notes des pilotes (20e-11e place)
La saison 2019 de Formule 1 s’est clôturée début décembre par le Grand Prix d’Abu Dhabi. L’occasion de visionner le trombinoscope de la saison écoulée et de dresser le bulletin de notes des 20 pilotes engagés. Qui a marqué les esprits ? Qui a déçu ? Petit tour d’horizon des pilotes classés entre la 20e et la 11e place au championnat du monde.
Cette 70e édition du championnat du monde de F1 fut un bon cru. Après huit courses de qualité moyenne (notamment la purge du GP de France), la discipline reine nous a offert un magnifique spectacle. Le duel au sommet entre Verstappen et Leclerc en Autriche, la tension de Silverstone, la course surréaliste d’Hockenheim, la remontée de Verstappen en Hongrie, la première victoire de Leclerc à Spa ou encore l’inoubliable et rocambolesque course d’Interlagos : on a franchement connu pire comme saison !
Alors, quel pilote s’est détaché et a marqué les esprits ? Et au contraire, qui n’a pas répondu aux attentes placées en lui ? Dressons le bulletin de notes des pilotes classés entre la 20e et la 11e place en 2019, en enlevant de l’équation la performance de leur voiture.
George Russell (17/20)
Le pauvre George n’aura pas été verni pour sa première saison parmi l’élite. Le champion 2018 de F2 nourrissait de grands espoirs, mais l’enclume qui lui servait de voiture ne lui a pas permis d’exploiter son plein potentiel. Ceci dit, contrairement aux idées reçues, cette saison avec Williams fut formatrice pour Russell. Loin des projecteurs et de la pression inhérente aux équipes de pointe, George a pu parachever sa formation et emmagasiner un maximum d’expérience.
Rarement impliqué dans un accrochage, capable de saisir la moindre opportunité (11e en Allemagne, 16e en qualifications à Budapest), Russell s’est montré solide et propre. A part des départs et des premiers tours parfois erratiques, on peut difficilement lui reprocher une erreur cette saison. Mieux, il s’est montré professionnel, consciencieux et courageux de bout en bout. Contre vents et marées, l’Anglais a tenu son cap et réalisé ce qu’il pouvait avec les moyens du bord. Une force de caractère qui n’est pas passée inaperçue dans le paddock. Et qui pourrait peser dans la balance au moment de négocier avec une nouvelle équipe.
Est-ce que Russell possède le talent pour rejoindre Mercedes ? Probablement. Mais il est difficile d’évaluer son coup de volant face à un coéquipier comme Kubica, qui s’est mangé un cinglant 21-0 en qualifications. Et ce n’est Latifi, l’an prochain, qui risque de faire remonter le niveau. Courage George.
Robert Kubica (5/20)
L’histoire humaine derrière le retour de Kubica à la compétition était formidable. La persévérance dont il a fait preuve pour revenir en F1, huit ans après son effroyable crash, force tout simplement l’admiration. Certes, son sponsor personnel PKL Orlen n’est pas étranger au retour du Polonais au sein d’une écurie devenue exsangue et moribonde. Mais cela n’enlève rien au parcours du combattant que s’est livré Robert pour s’aligner à nouveau sur une grille de départ.
Malheureusement, le conte de fée s’est rapidement transformé en cauchemar. Au volant d’une voiture calamiteuse, Kubica n’a jamais eu l’occasion d’afficher la meilleure facette de lui-même. Copieusement dominé par son voisin de garage, Robert a bu le calice jusqu’à la lie. Et son point miraculeux décroché à Hockenheim tient uniquement aux circonstances de course. Car personne n’est dupe : Kubica s’est fait marcher dessus pendant toute la saison.
Une situation d’autant plus regrettable que Kubica s’est montré propre et respectueux en piste. Je persiste à croire que le valeureux Polonais aurait connu un tout autre destin sans ce maudit accident en Italie. A défaut d’un baquet compétitif, gageons que son excellent bagage technique lui permettra de s’attirer les faveurs d’un team comme Haas ou Racing Point pour un rôle de pilote de développement.
Romain Grosjean (9/20)
Encore une saison à oublier pour le Français. Battu une deuxième année consécutive par Magnussen, Grosjean est resté la tête sous l’eau pendant toute l’année. Manquant, il est vrai, de réussite lors de certaines épreuves. Sur ses sept abandons, six ne lui sont pas imputables. Une malchance qui a fini par le dégoûter. Durant les dernières courses, il n’espérait qu’une seule chose : que la saison se termine.
Soyons bon compte : au volant d’une voiture rétive et au comportement indéchiffrable, l’ex-pilote Lotus aurait pu difficilement faire des miracles. N’empêche, Grosjean nous a gratifié de quelques égarements dont il a le secret. Sa pointe de vitesse est bien réelle – quoi qu’en dise ses détracteurs – mais ses distractions à répétition et sa fragilité dans le combat rapproché ne sont guère rassurantes. Pas de quoi toutefois empêcher Gunther Steiner de renouveler son contrat … une dernière fois ?

Antonio Giovinazzi (14/20)
Doucement mais surement. Tel est le leitmotiv résumant la saison de Giovinazzi. A coté de la plaque pendant la première moitié de l’année (0 points contre 31 pour Raikkonen), on se demandait si Alfa Romeo avait misé sur le bon cheval. Incapable d’exploiter le plein potentiel d’une monoplace franchement séduisante en début d’année, Antonio faisait peine à voir.
C’était sans compter sur une pause estivale salvatrice. Cinq fois devant son coéquipier en neuf séances qualificatives et autant de courses durant la seconde partie de la saison, Giovinazzi a rassuré ses employeurs. Ses deux points décrochés en Italie et surtout ses 10 unités empochées au Brésil soignent son bilan comptable. Un résultat final qui aurait pu être encore meilleur si son regain de forme n’avait pas coïncidé avec la perte de compétitivité de la C38 à partir du Grand Prix de Belgique.
Kevin Magnussen (13/20)
A l’instar de Romain Grosjean, le Danois a du se contenter des moyens du bord. Rien de mal fait dans le chef de Kévin, mais rien de flamboyant non plus. Plutôt transparent, il aura beau donner tout ce que sa voiture pouvait extraire, il se fera quand même déposer par ses adversaires pendant toute la saison.
La pointe de vitesse de Magnussen n’est pas mauvaise. En témoigne, notamment, sa sublime cinquième place sur la grille de départ en Autriche. Mais de manière générale, sa capacité à se battre roue contre roue laisse encore certains observateurs perplexes. A l’heure actuelle, Haas s’en contente. Il faut dire que les candidats crédibles ne se bousculent pas au portillon. Néanmoins, changer sa paire de pilotes pour insuffler une nouvelle dynamique n’aurait peut-être pas été une mauvaise opération. On aurait aimé voir ce que l’expérience d’un Hulkenberg, par exemple, pouvait apporter à une équipe confrontée aux limites de son modèle.
Lance Stroll (9/20)
Le mystère Lance Stroll continue de plus belle. Toujours aussi médiocre le samedi, le Canadien se révèle diablement efficace au moment de prendre son envol le dimanche, et particulièrement adroit pour éviter la cohue des départs. Son accrochage avec Pierre Gasly à Yas Marina étant l’exception confirmant la règle, et sa seule grosse erreur de la saison.
Hélas, ses positions de départ le pénalisent grandement et l’obligent à taper plus que nécessaire dans ses pneus pour espérer remonter. Pendant ce temps, ses adversaires directs (Pérez en tête) se tirent la bourre pour de précieux points. En se positionnant plus haut sur la grille, Stroll pourrait rivaliser avec le milieu de peloton et scorer plus régulièrement. La comparaison directe avec Pérez fait mal.

Nico Hülkenberg (14/20)
Bonne, mais sans plus. Telle est la façon dont on pourrait résumer la saison de Nico. Auteur de quelques belles courses (Australie, Canada, Italie), il paye au prix fort une fin d’année laborieuse (3 points en quatre courses, contre 20 pour Ricciardo). Sans le podium inespéré de Kvyat, Hulkbenberg aurait sans doute terminé au 13e rang mais cela n’aurait pas changé grand chose.
Son manque de flamboyance, et ses erreurs lors de moments cruciaux (en Allemagne notamment, un comble lorsqu’on connait son excellente maîtrise sous la pluie), lui coûte sa place chez Renault. Même si, intrinsèquement, il est plus talentueux que certains pilotes de la grille. Il quitte (provisoirement ?) l’élite avec le record peu envieux du plus grand nombre de Grands Prix sans podiums, mais il pourra toujours se targuer d’avoir signé une pole position à bord d’une Williams-Cosworth à Interlagos. Bonne continuation, Nico !
Daniil Kvyat (13/20)
Quel parcours singulier que celui du Russe. L’enfant terrible de la filière Red Bull a fait preuve d’une belle résilience cette saison, et son podium chanceux à Hockenheim couronne une saison mi-figue, mi-raisin, marquée par quelques coups d’éclat opportunistes (Monaco, Belgique).
A défaut de remplaçant crédible – la filière jeunes pilotes de Milton Keynes est dans une impasse inquiétante – Helmut Marko a décidé de lui renouveler sa confiance pour une année supplémentaire. Mais la comparaison avec ses coéquipiers n’arrange pas son bulletin de notes.
Albon a pratiquement fait jeu égal avec le Russe, alors qu’il n’avait pratiquement aucune expérience à bord d’une monoplace de F1, et Gasly l’a dominé nettement malgré un contexte peu favorable et aussi moins d’expérience. Daniil devra donc convaincre une nouvelle écurie s’il souhaite pérenniser son avenir au-delà de 2021, ses chances de réintégrer Red Bull étant infimes. Mission impossible ?

Kimi Raikkonen (16/20)
31. C’est le nombre de points empochés par le vétéran finlandais entre le Grand Prix d’Australie et le Grand Prix de Belgique. Parfaitement à l’aise derrière le volant d’une C38 véloce en milieu de peloton, le champion du monde 2007 a réussi à extraire le potentiel de sa monture et à la pousser dans ses derniers retranchements. Son rythme de course à Bahrein, au Paul-Ricard et à Budapest prouve que Kimi a encore de beaux restes.
Cette belle moisson de points a toutefois connu un coup d’arrêt brutal dès la reprise du championnat en août. Alors que son coéquipier trouvait enfin ses marques à Hinwill, Raikkonen s’est montré plus en difficulté qu’à l’accoutumée. La performance de la voiture n’était certes plus au rendez-vous, mais Kimi est aussi passé à côté de son sujet à plusieurs reprises. Sept courses consécutives sans la moindre unité, ce ne lui était jamais arrivé depuis ses débuts chez Sauber.
En 2020, Raikkonen devrait entamer, normalement, sa dernière saison dans la discipline reine. Ses connaissances techniques et son immense expérience permettront à Alfa Romeo d’aborder la prochaine saison avec sérénité. Et ce n’est pas ses nombreux supporter qui vont s’en plaindre.
Lando Norris (15/20)
Derrière son personnage de pitre, le fantasque Lando est un très bon pilote. Hormis quelques inévitables erreurs de jeunesse, le Britannique a fait preuve de solidité en piste. Ses sixième places acquises à Sakir et Spielberg, ainsi que la cinquième place qu’il aurait du décrocher à Spa sans son problème mécanique, prouvent le potentiel indéniable du rookie.
Norris devra toutefois élever son niveau de jeu en 2020 s’il souhaite prolonger le bail avec la prestigieuse écurie anglaise. Une plus grande régularité et un meilleur rythme le dimanche sont deux éléments sur lesquels il devra bosser pour améliorer son pedigree.

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