Vettel et Ferrari, le rêve inachevé
La planète F1 s’est réveillée ce matin avec un petit tremblement de terre : Sebastian Vettel et la Scuderia Ferrari ont décidé de prendre des chemins séparés au-delà de la saison 2020. Le chant du cygne pour le pilote allemand ?
Le communiqué de presse publié ce matin par la Scuderia Ferrari acte donc la fin d’une aventure débutée en 2015. À l’époque, auréolé de quatre couronnes mondiales, et considéré comme l’un des plus grands pilotes de sa génération, Sebastian Vettel rêvait d’écrire l’histoire en ramenant un ou plusieurs titres mondiaux dans l’escarcelle de l’équipe italienne. Comme son idole Schumacher l’avait brillamment fait au début des années 2000.
Il n’en sera rien. Les erreurs stratégiques et les problèmes de fiabilité de la Scuderia, conjugués aux grossières bourdes de pilotage du champion allemand, auront fini de détruire les espoirs d’un titre en rouge. Pire, face à l’adversité, Vettel a fait preuve d’une grande fragilité mentale. Un mental pourtant nécessaire pour détrôner le rouleau compresseur de Stuttgart et le natif de Stevenage.
Un bilan contrasté
Durant ses six ans à Maranello, Vettel n’aura pas toujours été à la hauteur de la tâche. Mais son parcours fut globalement positif. Ses connaissances techniques et sa capacité à façonner une équipe derrière lui ont permis de reconstruire une écurie alors mollassonne. Besogneux, il n’a pas compté ses heures pour aider Ferrari à redorer son blason. Au point d’en faire la seule adversaire capable de déstabiliser Mercedes. Qui peut en dire autant ?
Sur le plan humain, Vettel n’a pas non plus grand chose à se reprocher. À part une saute d’humeur grotesque et condamnable à Bakou en 2017, l’allemand s’est toujours montré exemplaire. Respectueux envers ses adversaires, authentique dans ses sentiments, lucide dans ses propos et terriblement amical, Vettel est une figure appréciée du paddock.
Mais en F1, l’eau coule très vite sous les ponts. Au fil des mois, les liens qui unissaient Vettel et Ferrari se sont distendus. Le discours employé dans le communiqué l’évoque sans ambiguïté : « Pour obtenir les meilleurs résultats possibles dans ce sport, il est essentiel que toutes les parties travaillent en parfaite harmonie », explique ainsi Vettel. « L’équipe et moi avons réalisé qu’il n’y avait plus de désir commun de rester ensemble au-delà de cette saison ».

Quel avenir ?
Ne vous méprenez pas sur ses propos : la séparation avec Ferrari est un crève-cœur et un échec cuisant dans le chef du pilote allemand. L’apogée de sa carrière devait se matérialiser par un titre en rouge. Plus grand est le rêve, plus haute est la déconvenue. Aujourd’hui, la question est de savoir si Vettel souhaite continuer à évoluer dans le Grand Cirque.
À titre personnel, j’ai le sentiment que Seb n’a plus la flamme sacrée et l’envie de faire preuve du dévouement que cette discipline exige. Son amour pour la F1 est intact, mais son ras-le-bol est palpable. Il n’est plus totalement en phase avec l’évolution de son sport, que ce soit sur le plan technique, financier ou humain. Des questionnements d’ordre familial – il est papa de trois enfants en bas âge – sont aussi venus ébranler ses certitudes.
Dans le communiqué, Sebastian Vettel demeure prudent sur son avenir et laisse la porte ouverte à toutes les éventualités. « Il faut utiliser son imagination et adopter une nouvelle approche face à une situation qui a changé. Je prendrai moi-même le temps dont j’ai besoin pour réfléchir à ce qui compte vraiment pour mon avenir ».
Certaines rumeurs l’envoient chez McLaren (Sainz aurait d’ailleurs signé un pré-contrat avec Ferrari), mais Woking ne pourra pas, réalistement, jouer la gagne avant le big bang de 2022. Quels intérêts pour un pilote de son calibre ? La rumeur Renault me semble toute aussi farfelue, tandis que Red Bull n’a pas, selon les dires d’Helmut Marko, les moyens financiers de recruter Vettel. La surprise du chef pourrait venir de Mercedes, car elle aurait du sens sportivement parlant. Mais honnêtement, imaginer Vettel en lieutenant de luxe de Lewis Hamilton, est davantage un fantasme de fan qu’une piste réellement privilégiée.
À mon sens, l’hypothèse de la retraite est la plus crédible. « Ce qu’il s’est passé ces derniers mois a conduit nombre d’entre nous à réfléchir à nos véritables priorités dans la vie » détaille laconiquement Vettel dans le communiqué de presse. Probablement que l’allemand n’a pas encore lui-même pris de décision quant à son avenir, préférant, comme souvent, mûrement réfléchir. Auf Wiedersehen, Seb ?
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