Silverstone 1950 : 6 anecdotes sur la première course en F1

Il y a 70 ans, sur la base aérienne de Silverstone, se déroulait la première course de l’histoire de la F1. Un événement historique, qui a posé les bases de l’un des sports les plus célèbres à travers la monde. Mais connaissez-vous les anecdotes entourant cette épreuve inaugurale ?

La création du championnat était un projet audacieux 

Si la Formule 1 apparaît aujourd’hui comme l’une des disciplines les plus importantes à travers le monde, cela n’a pas toujours été le cas. L’histoire de la F1 commence réellement en 1946, avec l’uniformisation des règles par la Commission sportive Internationale (CSI) de la FIA. D’abord baptisé Formule de Course Internationale A, elle adopte le nom de Formule 1 lors de la création du championnat du monde en 1950.

À l’époque, le contexte ne se prête pas à la tenue d’un championnat du monde. Les affres de Seconde Guerre mondiale sont encore bien présentes et les économies européennes essayent tant bien que mal de se relever. Pourtant, ce projet ambitieux va bel et bien voir le jour. Sans grande surprise, le plateau est très inégal. Avec d’un côté des monoplaces qui écrasent la concurrence, à l’image des Alfa Romeo 158, et d’autres qui peinent à tenir le rythme.

Le départ du premier Grand Prix de l'histoire de la F1.
Luigi Fagioli (Alfa Romeo 158, n°3) et Juan Manuel Fangio au départ de la première course de l’histoire de la F1. (Photo LAT Photographic / DPPI)

Alfa Romeo atomise la concurrence

Le week-end de course débute officiellement le jeudi et le vendredi avec les essais chronométrés. Toutes les écuries de premier plan sont présentes, à l’exception notable de la Scuderia Ferrari (voir plus bas). Les quatre Alfa Romeo sont intraitables et s’adjugent les deux premières lignes de la grille. Farina signe la pole position en 1:50.800 (151.051 km/h de moyenne) devant Fagioli et Fangio. Derrière, les concurrents sont dépités et semblent réduits à de la figuration. Un peu comme cette année avec Mercedes et sa W11 …  

La première course de l’histoire de la F1 a lieu, quant à elle, le samedi. Oui, le samedi. A l’époque, les anglais respectaient strictement le repos dominical et les offices religieux. Il était donc impensable qu’une épreuve sportive se déroule un dimanche.

La première course de l’histoire était une longue procession

Devant 150.000 spectateurs, Farina domine largement la course en parcourant 63 des 70 tours en tête. Fangio et Fagioli parviennent à prendre le commandement de manière éphémère, mais rien ne peut arrêter Farina. La course se transforme en une longue procession, ponctuée par des incidents ici et là. Parmi ceux-ci, notons celui du malchanceux Reg Parnell, qui heurte un … lièvre, ou encore celui de Fangio qui tape les ballots de paille situés au virage de Stowe. Fort heureusement, les deux pilotes s’en sortent indemnes et peuvent poursuivre l’épreuve. Au tour 62, l’Alfa 158 de Fangio fait des siennes et l’Argentin doit abandonner à cause d’une conduite d’huile brisée.

Les trois Alfa-Romeo restantes terminent aux trois premières places, Farina l’emportant à 146,390 km/h de moyenne. Une domination sans pareille qui se prolongera tout au long de la saison. Les Alfa Romeo mèneront en effet 384 tours des 391 accomplis pendant l’année ! Preuve s’il en est que la discipline reine, même à l’époque, pouvait être ennuyeuse sur la piste.

Derrière, les écuries adversaires ne peuvent que constater les dégâts. Les Talbot-Lago des français Louis Rosier, Yves Giraud-Cabantous, Philippe Etancelin et Eugène Martin terminent plusieurs tours derrière les vainqueurs, tout comme les monoplaces anglaises ERA. Même déconvenue chez Maseratti. Le Prince Bira, David Murray, Emmanuel de Graffenried et Louis Chiron abandonnent tour à tour sur panne mécanique.

Farina en route vers la victoire lors du Grand Prix de Silverstone 1950.
Emilio Giuseppe Farina lors du Grand Prix de Silverstone 1950.

Les statistiques de la première course

  • POLE POSITION : Farina – Alfa Romeo 158 – 1:50:800 – 151,063 km/h de moyenne
  • TOURS : 70 x 4,649 km, soit 325,458 kilomètres
  • ENGAGES : 21. Seuls 11 ont vu l’arrivée.
  • MÉTÉO : Ensoleillé et chaud
  • LEADERS : Farina 1-9, 16-37, 39-70 ; Fagioli 10-14, 38 ; Fangio 15
  • MEILLEUR TOUR EN COURSE : Farina, 1:50.6 au 2e tour, à la moyenne de 151.337 km/h
  • CLASSEMENT PILOTES : Farina (9 points), Fagioli (6 points), Parnell (4 points), Giraud-Cabantous (3 points) et Rosier (2 points)

Ferrari boude l’épreuve inaugurale et part … en Belgique !

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la Scuderia Ferrari n’était pas présente lors de l’épreuve inaugurale du championnat du monde ! Visiblement peu conscients de la portée historique de l’événement, Enzo Ferrari et ses hommes avaient jugés plus opportun de s’engager au Grand Prix de Mons 1950. Une course de F2 méconnue et sans grand intérêt sportif, mais dont les primes d’arrivée étaient plus alléchantes que celles distribuées à Silverstone. Fort heureusement, Ferrari se rendra rapidement compte de son erreur. Maranello effectuera ses grands débuts en F1 lors Grand Prix de Monaco avec Luigi Villoresi, le français Raymond Sommer et l’incontournable Alberto Ascari.

Arrivée du Grand Prix de Silverstone 1950 et victoire de Farina.
L’arrivée du Grand Prix de Silverstone 1950 et la victoire de Farina.

Les curieux hasard du destin

Enfin, en y regardant de plus près, on constate que l’année 1950 offre deux curieuses coïncidences.

La première est que l’année de naissance du championnat du monde est aussi marquée par la naissance de quelques figures emblématiques de la discipline reine : Flavio Briatore, Jody Scheckter, Gilles Villeneuve et Alexander Hesketh, le président de l’écurie qui même nom qui remportera sa seule victoire lors du Grand Prix des Pays-Bas en 1975 au main de James Hunt.

La seconde curiosité est que l’année 1950 est la seule saison* avec 2019 et 2020 durant laquelle un pilote Thaïlandais et un pilote Monégasque ont partagé la piste. Il y a 70 ans, il s’agissait respectivement du Prince Bira et de Louis Chiron. De nos jours, il s’agit évidemment d’Alexander Albon et de Charles Leclerc.

*Pour être tout à fait exact, le Prince Bira et Louis Chiron ont aussi croisé le fer lors du Grand Prix d’Italie 1953.

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