Grand Prix d’Imola : Verstappen marche sur l’eau, Norris étincelant
Max Verstappen s’est imposé brillamment dimanche après-midi à Imola au terme d’une épreuve chahutée et riche en émotions. Le septuple champion du monde, lui, est revenu du diable vauvert pour marquer 19 points précieux. La bataille pour le titre est bel et bien lancée.
La lutte serrée pour la victoire il y a trois semaines, dans la nuit bahreïnie, n’était pas un mirage du désert. Max Verstappen et Lewis Hamilton sont partis pour se livrer une bataille sans merci durant les prochains mois. Ce dimanche après-midi, le Hollandais volant a fait preuve d’autorité dans un joli exercice d’équilibriste pour signer sa première victoire de la saison. Impérial au départ et lors de tous les moments-clefs de l’épreuve, le batave envoie un signal clair à son adversaire anglais.
De son côté, Hamilton a bien failli tout perdre au 32e des 63 tours de course. Sorti trop large à l’épingle en tentant de dépasser un retardataire, le Britannique alla planter sa W12 dans les graviers. Une erreur rarissime pour The Hammer. Fort heureusement, il parvint à repartir en enclanchant la marche arrière et profita de l’interruption du Grand Prix un tour plus tard pour retrouver ses esprits. Une pause salvatrice. Hamilton mena ensuite une course d’attaque pour finalement terminer sur la deuxième marche du podium.
Le plan de Mercedes était d’opérer un overcut pour doubler Verstappen via la valse des arrêts aux stands. Une stratégie délicate – encore plus que l’undercut – qui aurait pu porter ses fruits si le changement de pneus s’était déroulé plus rapidement (l’arrêt a duré 4 secondes). Certains évoquent qu’en retenant volontairement la chaleur (voir plus bas), la roue de la W12 était « collante » et donc plus difficile à déloger de son emplacement. Une différence infime à l’œil nu, mais suffisante pour que Max Verstappen reprenne la tête de la course avec ses gommes slicks.

La RB16B moins capricieuse que la W12 ?
Ce week-end, la Mercedes W12 dû jongler avec des problèmes de mise en température des gommes. Bottas en paya d’ailleurs le prix lors des qualifications, avec des pneumatiques tendres bien trop froids dans le secteur n°1 lors de son dernier tour rapide. Juste avant le départ de l’épreuve, l’équipe championne du monde pris même la décision de modifier la configuration des carénages entourant les disques de frein avant (une pratique autorisée malgré le Parc Fermé lorsque la direction de course estime que les conditions climatiques sont suffisamment changeantes pour justifier des ajustements sur les monoplaces).
En temps normal, ces dispositifs, qui déterminent la quantité de chaleur (créée par les freins) transmise aux pneus, sont réglés de manière à évacuer la chaleur. Dans le cas présent, Mercedes dû diriger davantage de chaleur en direction des gommes afin de compenser la fraicheur d’Imola et son incapacité à mettre suffisamment de température dans les Pirelli.
Toujours est-il que la RB16B semble avoir une fenêtre d’exploitation plus large que sa concurrente allemande. Max Verstappen peut ainsi la régler selon ses desiderata et contrôler efficacement la température de ses gommes. Et cerise sur le gâteau, les mécanos autrichiens excellent dans l’art des arrêts aux stands. Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Les conditions piégeuses ont brouillé les cartes et il sera intéressant d’analyser le comportement de la W12 à Portimão. Une piste offrant des conditions très différentes de Bahreïn et Imola.

Bottas-Russell : soulagement à Imola
La piste glissante a pimenté le spectacle. Au point de provoquer, malheureusement, plusieurs incidents. Dont un gros crash entre Valtteri Bottas et George Russell, qui a contraint la direction de course à arrêter le Grand Prix au drapeau rouge. La balance des responsabilités penche plutôt du côté de Russell, à mes yeux. George semble surpris par le défense progressive (mais réelle) de Bottas. Malheureusement, l’herbe mouillée, et l’important différentiel de vitesse, se sont chargés du reste. Erreur d’appréciation dans le chef du pilote Williams mais pas une attaque kamikaze. Sans doute qu’avec davantage d’expérience, l’accident aurait pu être évité.
Personnellement, je suis surtout soulagé que les deux pilotes s’en sortent indemnes. Depuis l’accident d’Anthoine Hubert et de Romain Grosjean, je ne peux m’empêcher d’avoir une boule au ventre lorsqu’un gros carton se produit en piste. L’accident entre George et Valtteri s’est produit à 300km/h. Soyons donc soulagé que les pilotes ne souffrent d’aucune blessure. Quant aux noms d’oiseaux qui ont volé après la course, mettons cela sur le compte de l’adrénaline. Russell, lui, semble commencer à comprendre qu’il n’est pas tout blanc dans cette histoire.
The incident that brought out red flags in Imola 🚩#ImolaGP 🇮🇹 #F1 pic.twitter.com/Z18dCPXwOZ
— Formula 1 (@F1) April 18, 2021
Norris exceptionnel, Alpine inquiète, Pérez transparent
Parmi les têtes d’affiche ce dimanche, notons la performance de choix de Lando Norris. L’anglais s’est superbement rattrapé de sa petite erreur en Q3 après avoir joliment animé le peloton en domptant Carlos Sainz, Charles Leclerc et son équipier Daniel Ricciardo, en manque de rythme. Malgré les conditions piégeuses, Norris afficha une cadence infernale et décroche le second podium de sa carrière, au forceps, avec un dernier relais de 29 tours en gommes tendres parfaitement exécuté.
Par contre, soupe à la grimaces chez Alpine. Esteban Ocon et Fernando Alonso arrachent trois petits points mais le manque flagrant de compétitivité de la monoplace française est inquiétant. Les troupes de Davide Brivio ont évoqué des problèmes de surchauffe dans les dunes de Bahreïn. Force est de constater que les températures fraiches des contrées italiennes n’ont pas amélioré la donne. L’inquiétude est réelle chez Alpine, car la courbe de développement est mince. Ils préféreront sans doute exploiter le package actuel du mieux possible tout au long de la saison, avec des évolutions mineures, que faire des expérimentations hasardeuses et perdre du temps avant le big bang de 2022.
Enfin, de son côté, Sergio Pérez, une fois n’est pas coutume, a rendu un bulletin moyen, voire mauvais. Il n’a certes pas été aidé par ses problèmes avec le volant, mais le Mexicain a multiplié les erreurs et les approximations. Dès le départ, Verstappen lui dépose sa carte de visite, puis Leclerc le déborde. Pire, sous neutralisation, il part en glissade, se fait dépasser par deux concurrents et reprend sa position comme si de rien n’était. La sanction sera immédiate. La fin de la course n’arrange rien puisqu’il commet à nouveau deux bourdes et tombe à la 14e place. Un dimanche à oublier.
Le grand cirque de la F1 se donne rendez-vous dans deux petites semaines sur le charmant circuit de Portimao. Un circuit 4,692 km caractérisé par ses grandes courbes en dévers et ses nombreux dénivelés. Il offrira donc un défi bien différent de Bahreïn et Imola. En attendant, un partout et balle au centre pour la conquête de la couronne mondiale.

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