Grand Prix de Monaco : le royaume des overcuts

Max Verstappen s’est imposé sans encombre ce dimanche dans les rues de Monaco et prend le commandement au championnat pilotes. Carlos Sainz et Lando Norris, décidemment très convaincants en ce début de saison, ont, eux aussi, parfaitement négocié l’écueil monégasque. En milieu de peloton, les overcuts ont fonctionné du tonnerre.

Red Bull n’avait plus été à pareille fête depuis la saison 2013 : pour la première fois en 8 ans, l’équipe autrichienne reprend les rênes d’un championnat. Une récompense méritée après le travail impeccable effectué par les hommes de Milton Keynes ce week-end à Monaco. Impérial dans les rues étroites de la Principauté, Verstappen, lui, s’installe en tête du championnat pilotes pour la première fois de sa carrière.

Which way to the nearest pool ? [Source : Red Bull Racing – Twitter]]

Derrière, Mercedes n’a pas eu son mot à dire. En difficulté depuis les premiers essais libres à cause d’une manque général d’adhérence, l’équipe allemande a connu un week-end sans. Lewis Hamilton, une fois n’est pas coutume, est passé à côté de son sujet lors des qualifications, avant de connaitre une course frustrante et ratée sur le plan stratégique. Le septuple champion du monde a d’ailleurs reproché à son équipe d’avoir foiré le week-end dans les grandes largeurs. Des propos étonnants, The Hammer n’étant pas du genre à laver son linge sale en public.

Que dire alors de Valtteri Bottas ? Le malheureux finlandais dû jeter l’éponge après qu’un écrou de roue défectueux a ruiné tous ses espoirs de bon résultat. Un problème d’autant plus rageant que Bottas était en forme et que le podium était quasiment assuré. En attendant, le vice-champion du monde 2020 estime que ce type de problème est inadmissible. Surtout qu’il ne s’agit pas de la première fois que Mercedes rencontre cet incident.

Sainz et Norris étincelants


Sur la deuxième marche du podium, Carlos Sainz signe une prestation cinq étoiles. La pole de Leclerc, décidemment pas prophète en son pays, éclipsa d’ailleurs un peu la belle prestation de Sainz samedi après-midi, à moins de 3 dixièmes de son coéquipier. J’étais un peu sceptique lors de son arrivée chez Ferrari, mais force est de reconnaitre que le madrilène réalise des débuts très convaincants. Sa faculté d’adaptation tranche avec les difficultés rencontrées par Ricciardo, par exemple.

De son côté, Norris est, au risque de me répéter, encore une fois au rendez-vous en ce début de saison. Oui, il profite de l’abandon de Leclerc pour grimper sur le podium, mais il a parfaitement négocié l’écueil monégasque. Tant le samedi que le dimanche. Sa régularité exemplaire lui permet de pointer provisoirement à la troisième place du championnat pilotes. Il ne pourra pas s’y maintenir jusqu’à la fin, mais cela démontre la forme affichée actuellement par le pilote McLaren.

First PODIUM with @scuderiaferrari and in Monaco ! [Source : Scuderia Ferrari – Twitter]

Pérez et Vettel, les monarques au royaume des overcuts

Saluons aussi la prestation de Sergio Pérez et Sebastian Vettel. Sur la plupart des circuits du calendrier, l’undercut – stratégie consistant à dépasser son adversaire via la valse des arrêts aux stands en changeant ses gommes avant lui – est la règle. En effet, la différence de performance entre des pneumatiques usagés et neufs est telle que le premier pilote qui effectue son arrêt dispose souvent d’un avantage substantiel lors de son tour de sortie.

Sauf à Monaco. Dans les rues de la Principauté, les virages se négocient à une vitesse très basse et l’adhérence est minimum. Résultat : les pilotes ont besoin de deux ou trois tours pour injecter suffisamment d’énergie et de température dans leurs gommes. C’est d’ailleurs pour cette raison que les pilotes ont effectué deux tours de chauffe samedi en Q3.

Conclusion ? Vettel et Pérez ont opté pour la stratégie inverse : l’overcut. Elle consiste à rentrer aux stands après son rival, afin de profiter de ses pneus chauds pour continuer à creuser l’écart pendant que l’adversaire perd un temps précieux à faire chauffer ses propres gommes. Une stratégie diablement efficace puisque Pérez est ainsi passé de la 8e à la 4e place, tandis que Vettel, irréprochable pendant l’entièreté du week-end, a grimpé de la 9e à la 5e position.

Mercedes aurait aimé mettre en place une stratégie similaire pour permettre à Hamilton de sauter Gasly, ou Bottas pour chiper la première place à Verstappen, mais la dégradation excessive des pneus de la Mercedes rendait caduque une telle bataille.

#SV5 goes P3, he pits, he comes out P5. – [Source : Aston Martin Racing Team – Twitter]

Le championnat relancé ?

Les autres points reviennent notamment à un irréprochable Pierre Gasly et un excellent Esteban Ocon. Mention très bien aussi pour Antonio Giovinazzi, brillant 10e lors des qualifications, et toujours 10e au moment de passer sous le drapeaux à damiers. Le pilote italien a très clairement pris le dessus sur son illustre coéquipier lors de l’exercice du tour chronométré. D’ailleurs, course bien difficile pour les vieux briscards que sont Alonso et Raikkonen.

Au soir des Grands Prix de Portimão et Barcelone, certains évoquaient déjà un championnat plié. Deux semaines plus tard, Red Bull et Verstappen quittent les bords de la Méditerranée en tête des deux championnats. Personnellement, je ne crois qu’il faille tirer d’enseignements de ce rendez-vous monégasque. Le circuit de Monaco est si particulier qu’il nivelle le niveau de performance réel des monoplaces. J’ai même tendance à croire que, étant donné la physionomie du début de saison, Mercedes dispose encore d’un petit avantage sur la concurrence.

Avant de vous quitter, je vous partage le graphique de l’évolution des performances en qualifications, réalisé par l’incontournable et excellent @F1MonkeySeat. Difficile d’en tirer des conclusions, mais toujours intéressant pour comprendre les dynamiques en cours.

Rendez-vous dans deux semaines au bord de la mer Caspienne pour le 6e round de cette saison passionnante.

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